Le secteur du transport routier de marchandises veut mieux répondre aux aspirations des jeunes générations et des nouvelles recrues

Qui va conduire demain les camions de marchandises ? Alors que de nombreux chauffeurs routiers partent à la retraite, les entreprises de transports ont du mal à recruter et à fidéliser les nouveaux venus.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"Les personnes qui se forment au métier de chauffeur pensent qu’elles vont passer leur temps sur les routes à conduire. Alors qu’en réalité, elles doivent aussi charger et décharger les marchandises chez les clients", explique Valérie Dequen, déléguée générale de l’AFT. (Illustration) (TRAMINO / ISTOCK UNRELEASED / GETTY IMAGES)

Ce problème d’attractivité n’est pas tout à fait nouveau dans le transport routier de marchandises.

franceinfo : Que vont faire les entreprises concernées ? 

Sarah Lemoine :
Vu les départs massifs à la retraite, les fédérations professionnelles sont obligées de réagir. Elles ont donc commandé une enquête auprès de 1200 personnes, qui se sont formées à la conduite en 2019.

Résultats : près de 8 sur 10 exercent toujours le métier de chauffeur cinq ans plus tard, ce qui est plutôt pas mal. En revanche, une proportion non négligeable (22%) a démissionné au moins une ou plusieurs fois. Enfin, 11% sont partis dans une tout autre direction.

Quels sont les irritants du métier de conducteur ?

Les conditions de travail sont particulièrement citées. Les difficultés liées à la manutention, par exemple. "Les personnes qui se forment au métier de chauffeur pensent qu’elles vont passer leur temps sur les routes à conduire. Alors qu’en réalité, elles doivent aussi charger et décharger les marchandises chez les clients. Cela n’est pas suffisamment expliqué pendant la formation et cela peut générer une vraie déception", explique Valérie Dequen, déléguée générale de l’AFT, l’organisme chargé de promouvoir le secteur du transport.

D’autant qu’une partie des chauffeurs se plaignent d’être mal accueillis dans les entrepôts, et de devoir travailler sous pression constante. Des organisations patronales souhaitent que les chauffeurs n’aient plus à faire ces tâches de chargement et de déchargement, qui aggravent la pénibilité. C’est ce qui a été décidé en Espagne il y a deux ans. En France, le débat est en cours avec des syndicats.    

Ce qui émerge, aussi, c’est une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle ?

Ce sont des revendications qui émanent des jeunes générations, selon Valérie Dequen. Les jeunes routiers veulent avoir leur planning plus en amont, faire des trajets moins longs, pour rentrer plus souvent chez eux. Ou bien des livraisons dans le périmètre de leur domicile.

Des demandes que la Fédération nationale du transport routier n’entendait pas, il y a 3 ou 4 ans et que le secteur prend très au sérieux, dit Célia Prudent, déléguée à l'emploi et à la formation.

Une formation vient d’être mise en place pour modifier les pratiques managériales. Des expérimentations pour améliorer les conditions de travail vont être menées en 2025, en Bretagne et Nouvelle-Aquitaine.

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