Les travailleurs détachés, un sujet qui divise les Européens
Souvent illégaux en effet puisqu’on estime à un peu plus de 200.000 le nombre de travailleurs détachés déclarés en France, mais à 300.000 celui des travaileurs détachés non déclarés. Leur nombre augmente d’année en année. Il a progressé de près de 45% entre 2010 et 2014. On les trouve surtout en Allemagne, en France et en Belgique et travaillent surtout dans le bâtiment, mais aussi dans l’industrie, l’éducation, la santé et les services sociaux…
Concrètement, c’est d’abord de la concurrence déloyale pour les entreprises françaises. La directive europénne de 1996, vous vous souvenez la fameuse directive Bolkenstein, impose qu’ils soient payés au salaire minimum du pays d’accueil. L’employeur doit aussi assurer leur transport, leur logement et leur nourriture. Le problème c’est que payé au smic, ouvriers et cadres de chantier confondus, ils sont moins chers que la main d’oeuvre locale. Ils doivent en principe respecter les 35 heures, mais personne ne contrôle et ils se retrouvent souvent à travailler 70 heures payées 35. Sans compter que l’employeur les laisse souvent se débrouiller tout seuls pour leur transport, leur nourriture et leur logement. Au final, ça donne une main d’oeuvre très bon marché - et souvent très qualifiée ! - qui fait une concurrence déloyale aux entreprises françaises.
La directive Bolkenstein dépassée
Face à ce phénomène, l’Europe bouge enfin. Elle se rend compte que la directive Bolkenstein date d’une époque où on était entre pays de l’Europe de l’ouest. La différence des salaires était de 1 à 3. Aujourd’hui elle est de 1 à 10. Une nouvelle directive est donc en préparation. Son principe : "à travail égal, salaire égal dans le même lieu" . Les travailleurs détachés seraient payés au même prix que les travailleurs français sur un même chantier. Problème, il faudra environ un an et demi pour que tout le monde se mette d’accord. La France, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Autriche, la Suède d’un côté. Les pays d’Europe centrale et orientale de l’autre.
Sans attendre, la France a durci son arsenal contre la fraude aux travailleurs détachés. 1300 contrôles sont exercés par mois. La loi El Khomri prévoit même de taxer chaque travailleur détaché pour compenser les frais engagés par l’Etat français pour lutter contre les fraudeurs.
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