Salariés aidants : les entreprises sont-elles prêtes à négocier ?

Cinq millions de salariés en France aident un proche malade ou handicapé. Les entreprises sont-elles prêtes à favoriser leur équilibre entre vie pro et perso ?
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"Les entreprises qui maintiennent le salaire à 100% pour les salariés aidants sont très rares", souligne Jean-Manuel Kupiec de l'Ocirp. (KALI9 / E+ / GETTY IMAGES)

Près de 5 millions de salariés aident régulièrement un proche malade, en situation de handicap ou de perte d’autonomie. D’ici 2030, ce nombre va encore progresser en raison du vieillissement de la société. Les précisions de Sarah Lemoine.

franceinfo : Comment les organisations syndicales et patronales abordent-elles le sujet ?

Sarah Lemoine : Le sujet reste épineux d’après une étude de l’OCIRP qui sera dévoilée jeudi 3 octobre, un peu avant la 15e journée nationale des aidants. L’organisme commun des institutions de rente et de prévoyance a interrogé 75 représentants d’organisations patronales et syndicales, sur la façon dont les entreprises pourraient mieux accompagner les aidants familiaux.

Parmi les points positifs, la quasi-totalité d'entre eux pensent que la négociation collective est un outil efficace pour protéger les salariés aidants, même si dans les faits, très peu d'accords ont été signés ces dernières années. Une vingtaine dans les entreprises, et moins d’une dizaine au niveau des branches professionnelles selon l'OCIRP. 

Les partenaires sociaux sont-ils d’accord sur le contenu des négociations ?

Certaines mesures font l’objet d’un large consensus. Celles, par exemple, qui permettent de mieux identifier les salariés aidants, alors que 30% d’entre eux ressentent des difficultés professionnelles, et que la moitié d'entre eux cachent leur situation, de peur d’être pénalisé professionnellement.

Parmi les solutions, la mise en place d’un salarié référent, capable d’orienter et de faciliter les contacts avec la hiérarchie, tout en respectant la confidentialité est jugée efficace. Labelliser les entreprises qui identifient et accompagnent leur salarié est également plébiscité.

Enfin, tout le monde est d’accord pour mieux diffuser la culture de l’aidance, en formant notamment les managers qui, d'après l'étude, portent un regard assez dur sur les salariés aidants.

Qu’en est-il de l’aménagement du travail et des congés rémunérés ?

Là, il y a divergence entre les organisations patronales et syndicales. Dans le cadre d’un accord collectif, la priorité des patrons, c’est d’aménager l’organisation et les horaires de travail du salarié aidant. Alors que les représentants syndicaux souhaitent d’abord des jours de congés supplémentaires et des solutions de répit.

Les deux parties sont d’accord pour dire que le télétravail est une solution importante, mais pas suffisante. En complément, 74% des représentants patronaux jugent efficace la baisse temporaire de la charge de travail, donc un passage à temps partiel. Mais à condition de ne pas mettre la main à la poche.

Les entreprises qui maintiennent le salaire à 100% sont très rares, souligne Jean-Manuel Kupiec de l'Ocirp. C'est pourtant ce qu'elles devraient faire, pour éviter des arrêts maladies ou des situations de présentéisme, qui au bout du compte, coûtent bien plus cher.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.