La finance mondiale attaquée par les THF
Au numéro 17 de la place de la Bourse, à Paris, on se déplace à pas feutrés. Et l’on chuchote les horreurs qui se déroulent sous le manteau de la finance mondiale. Ambiance digne d’un boudoir.
Chuuut... tout ce qui se passe en 2016 est moche. Mais, l’AMF est là pour vous sauver. Dans une salle d’un blanc livide, aux fenêtres opaques, le patron de l’Autorités des marchés financiers présentait donc ses vœux à la presse. Très vite, Gérard Rameix s’est lancé dans une sorte de course, contre les critiques. Il a passé plus d’une heure à tenter de prouver que "Oui l’AMF a du mal…mais que Non l’AMF n’est pas à la ramasse..."
Ramer à contre-courant
"J’ai lu dans un article du Wall Street Journal, démarre-t-il, que le régulateur (nous) serait un bureaucrate, qui tente d’arrêter des éléphants en furie, en brandissant un plumeau". J’avoue que la formule est assez jolie. Et parait-il, assez vraie. Gérard Rameix se met alors… à ramer, pour démontrer le contraire. Et Dieu que c’est dur. Car cette institution, certes reconnue comme veille active sur les marchés financiers, apparait comme le pot de terre, face au pot de fer.
Question d’une journaliste : "Vous dites qu’il faut inciter les gens à conserver leurs actions plus longtemps… que c’est primordial…quel moyens avez-vous pour les inciter à le faire ?"
Réponse : "Disons que je ne peux me mettre, à la place du législateur fiscal". Aie, aie, aie.
"Même si, prévient-il, la situation est vraiment dangereuse pour notre économie" . Silence dans la salle. Il répète le mot : danger". En fait, on est en plein dedans", me glisse mon voisin.
Moi : "Dedans quoi ?"
Lui : "Dedans le danger"
Moi : "Ah oui bien sûr… mais, lequel en fait ?"
Lui, a voix très très basse (je l’entends à peine) : "Ben, les transactions à haute fréquence ont tout chamboulé… c’est mondial…c’est énorme."
Transactions à Haute Fréquence
J’ose à peine le regarder. J’en ai entendu parler, des traders haute fréquence. Mais bon, je ne savais pas que c’était aussi terrible.
Le patron de l’AMF l’avoue lui-même : la situation est difficile. En effet m’expliquera par la suite un spécialiste : on est entré dans une ère de fou
Les transactions financières sont effectuées par des algorithmes informatiques, des opérateurs virtuels de marché. Les opérations se font en quelques micro-secondes. Un truc de fou.
"Ils sont forcément largués à l’AMF, me dit cet homme… impossible de contrôler ce genre de transaction… malgré leurs compétences et leur volonté, ils n’ont pas les outils, et pas les moyens humains…c’est perdu d’avance." Me voilà toute déprimée. Je regarde le patron de l’AMF. Cet homme expérimenté, au regard aimable, nous sourit. Il nous souhaite une bonne année 2016
Je le vois alors, tel un petit pot de terre, face au pot de fer de la finance mondiale.
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