Le "Sharenting", qui consiste à publier des photos de son enfant, peut lui nuire de plusieurs façons
Plus d’un parent sur deux ont déjà partagé du contenu sur leurs enfants en ligne. D'ailleurs, cette pratique porte un nom – un anglicisme, comme souvent dans le champ des pratiques numériques : on parle de "sharenting", contraction de "share", qui signifie partager et "parenting", la parentalité.
D'après l’association e-Enfance, en moyenne 1 300 photos d’un enfant sont publiées avant ses 13 ans. Alors qu'en France, depuis 2023, un enfant n’atteint la majorité numérique qu’à 15 ans. C’est donc aux parents de revoir leurs pratiques.
Des photos détournées pour créer de faux profils ou pire
Ce sharenting pose plusieurs problèmes. D’abord, l’identité numérique d'un enfant n'appartient pas à ses parents et il a le droit, comme tout le monde, au respect de sa vie privée. Or, une simple photo peut porter atteinte à sa dignité ou à sa réputation. Ensuite, parce que c’est très compliqué de faire disparaître une photo, une fois publiée. Elle a pu être enregistrée, notamment par d’autres internautes, qui peuvent la faire circuler à leur tour. Ce qui amène au troisième problème, particulièrement préoccupant : le détournement à des fins malveillantes.
Cette photo peut occasionner du cyberharcèlement, être utilisée pour créer de faux profils, ou encore se retrouver sur des réseaux pédopornographiques. Elle peut aussi donner des indications sur les lieux que fréquente votre enfant, ses horaires. Et cela aussi peut le mettre en danger.
Pour toute situation délicate, appelez le 3018
Tout cela est assez glaçant et on n’y pense pas en publiant une photo. Ainsi, il est peut-être temps de réajuster nos pratiques. Déjà, avant de publier quoi que ce soit, on en parle avec l’enfant, s’il est en âge de comprendre, évidemment. Il faut demander aussi l’accord de l’autre parent : cela paraît peut-être procédurier, mais c’est la loi. Ensuite, on évite de poster une photo qui relève de l’intimité, dans son bain ou même en maillot de bain. Et de manière générale, on masque le visage de l’enfant. C’est facile : vous utilisez un émoji que vous insérez sur la photo. Enfin, on n’indique ni son nom, ni son prénom, rien de distinctif.
Sur des réseaux type Facebook, on peut configurer son profil en mode privé, mais le mieux est de privilégier les messageries privées pour ce type de partage et même de paramétrer l’envoi de messages éphémères. Dernier conseil, si vous faites face à une situation délicate, par exemple si vous n’arrivez pas à faire supprimer une photo d’un réseau, contactez le 3018. C’est le numéro anonyme et gratuit pour les jeunes victimes de violences numériques. Cela s’adresse aussi aux proches et aux familles.
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