"Nous aimerions pouvoir refabriquer en France" : Thomas Camille, directeur général de Pataugas
Une chaussure culte il y a de nombreuses années, mais plus vraiment aujourd'hui. Elle tente de se relancer. Olivier de Lagarde parle aujourd'hui de la saga de la marque Pataugas, avec son directeur général, Thomas Camille.
Pataugas est née au Pays basque. Son créateur, René Elissabide, industriel de Mauléon, était un inventeur un peu fou qui aimait toucher à tout. Il avait notamment créé des savons, mais il était surtout amoureux des Pyrénées, et il rêvait d’inventer une chaussure pour crapahuter dans ses montagnes...
Par amour des Pyrénées
Un jour, au détour d’une des usines qu’il possédait, il remarque des enfants qui s’amusent à mettre du caoutchouc au bout de leurs chaussures pour éviter de les abîmer, et cela va lui donner l’idée qui deviendra "la Pataugas".
À l’époque, les chaussures de montagne sont des brodequins assez lourds. Son idée va être de créer une chaussure montante en toile, comme les espadrilles, mais avec une semelle en caoutchouc. Afin qu’elles adhèrent mieux à la toile, il a l’idée de chauffer au gaz. Ce qui donnera le nom à la chaussure.
Du Djebel à la ferme de Latché
L’idée va se révéler un coup de génie. Avec le développement des loisirs et de la randonnée, les français s’équipent de cette chaussure légère et résistante. Et puis Pataugas va devenir fournisseur de l’armée française. Elle équipera les soldats durant la guerre d’Algérie.
Durant les années 60, la marque vend jusqu’à deux millions de paires par an. Des grands de ce monde vont aussi faire la promotion de ces chaussures : le général de Gaulle, qui parlait de la Pataugas comme d’une chaussure portée par tous les français. Et François Mitterrand, qui sur une photo célèbre, en compagnie de Michel Rocard, pose en Pataugas devant sa ferme des Landes.
Du déclin au rebond
À partir des années 80, la Pataugas va progressivement disparaître, sous les coups d’une concurrence principalement asiatique. Racheté par Vivarte, le groupe qui possédait André, elle va un peu subsister sous d’autres formes, mais en abandonnant le processus de vulcanisation qui rendait la chaussure particulièrement résistante.
En 2018, la marque est reprise par trois entrepreneurs. Leur stratégie a été de relancer un produit identique à la chaussure d’origine. Une chaussure en caoutchouc d’hévéa, 100% naturel, et en toile de coton bio ou recyclée, donc parfaitement écoresponsable.
Seul problème, son prix : 95 euros pour le modèle de base et jusqu’à 150 euros pour le haut de gamme. Un prix qui s’explique, selon Thomas Camille, par la volonté de ne pas fabriquer en Asie.
"On est fier de fabriquer en Espagne et en au Portugal. Malheureusement on a du mal a fabriquer en France, ajoute-t-il, parce que très clairement, le pays a été désindustrialisé durant les années 80, où l’on a décidé d’être une société de services."
"Aujourd’hui, tout le monde souhaite refabriquer en France, c’est ce que l’on essaye de faire, mais fabriquer une Pataugas aujourd’hui dans notre pays, représente un surcoût de 40% par rapport à l’Espagne."
Thomas Camille, directeur général de Pataugasà franceinfo
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