C’est une chanson qui nous ressemble. "Le Déserteur", hymne pro-civil

"Le Déserteur", écrit par Boris Vian pendant la guerre d’Indochine en 1954, devient une dizaine d’années plus tard une référence majeure pour le pacifisme à travers le monde, après que le trio américain Peter, Paul and Mary l’a enregistré en français.
Article rédigé par Bertrand Dicale
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Portrait non daté de l'écrivain français Boris Vian. (AFP)

En partenariat avec l’exposition C’est une chanson qui nous ressemble – Succès mondiaux des musiques populaires francophones à la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts, ces chroniques reviennent en détail sur chacune des histoires qui y sont présentées. 

"Monsieur le Président, je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps." Si vous êtes français, vous appartenez à un pays dont l'histoire militaire a été en grande partie forgée par des conscrits. Des hommes appelés pour servir dans l'armée sans être volontaires. Pendant la Révolution française et l'Empire, pendant les deux guerres mondiales, pendant la guerre d'Algérie. Et pourtant, il est bien possible que vous ayez découvert à l'école cette chanson-là. Et peut-être même dans cette version, celle qu'a enregistrée son auteur Boris Vian. Et ce n'est pas le moindre paradoxe de l'histoire culturelle et politique de la France d'être à la fois le pays d'une armée constituée par son peuple et le pays du Déserteur, la plus célèbre chanson antimilitariste du monde contemporain.

Très discret à l'époque, entre 1957 et 1962, Le Déserteur en suédois par Ulla Sjöblom, en italien par Luigi Tenco sur une cassette enregistrée chez lui et qui n'est jamais sortie de son vivant, en allemand par Dieter Süverkrüp. On ne sait pas au juste dans combien de langues existe Le déserteur. Car, au contraire des chansons commerciales normales, beaucoup de ces traductions n'ont pas suscité de contrat et d'autorisation officielle. On adapte souvent Le déserteur dans l'élan militant, dans l'urgence, souvent même dans la clandestinité, le danger face au pouvoir en place. D'ailleurs, le combat avec la censure s'affirme dès la naissance de cette chanson. Comparer ce qu'écrit Boris Vian et le texte du premier enregistrement de sa chanson.

Dans cet épisode de C’est une chanson qui nous ressemble, vous entendez des extraits de :

Boris Vian, Le Déserteur, 1955

Ulla Sjöblom, Jag Står Här På Ett Torg, 1956

Luigi Tenco, Padroni della Terra, 1962

Dieter Süverkrüp, Der Deserteur, 1962

Boris Vian, Le Déserteur, 1955

Mouloudji, Le Déserteur, 1954

Peter, Paul and Mary, Le Déserteur, 1964

Daria Nelson, Le Déserteur (en russe), 2022

 

Vous pouvez aussi prolonger cette chronique avec le livre C’est une chanson qui nous ressemble aux éditions du Patrimoine.

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