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Chroniques du ciel. La fin de Joon

Ben Smith tire un trait sur Joon, lancée il y a un peu plus d'un an par son prédécesseur, Jean Marc Jainallac. Une compagnie au positionnement étonnant.

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La dérive d'un A320 aux couleurs de Joon dans un hangar de Roissy (Val-d'Oise). (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Ben Smith, a coupé les ailes de Joon, et c’est très certainement une sage décision. Car dans le paysage aéronautique français, Joon était une sorte d’OVNI, un concept unique en son genre commercialement et stratégiquement totalement illisible.

Une compagnie atypique

Une compagnie à laquelle personne n’a vraiment cru lors de son lancement, il y a un peu plus d’un an. Joon n’était ni une low cost, ni une compagnie charter, mais le résultat de mois et de mois de négociations entre la direction et à l’époque, un SNPL très radicalisé, histoire de dire, nous avançons, nous avons un projet, après des années de blocage marquées par la catastrophique crise de confiance de l’ère De Juniac.

Et comme il fallait aller de l’avant, on a créée Joon, compagnie censée reprendre les lignes long-courriers déficitaires d’Air France et attirer sur le court-moyen, les "Millennials", cette génération de technophiles nés au milieu des années 90, branchés et surtout très connectés.

On a mis des baskets blanches, à des hôtesses et des stewards payés au plus bas de la réglementation européenne en leur laissant imaginer, qu’à terme, il y aurait des passerelles pour intégrer la maison-mère. Quant aux pilotes venus d’Air France, on les a laissés tranquille, avec le même salaire et les mêmes conditions de travail.

Difficile à partir de ce constat, espérer gagner de l’argent, sachant que la seule baisse des coûts de Joon par rapport à Air France reposait uniquement sur les épaules des personnels navigants commerciaux. Tout est bien, qui finit donc bien, Ben Smith, a mis fin à cette incohérence, tout le monde va intégrer ou réintégrer la maison-mère, sans casse sociale.

Le grand perdant, c’est Jean-Marc Janaillac

Joon est sans doute à l’origine du non au référendum qui a conduit l’ancien patron du groupe a démissionné. Joon a alimenté la grogne et la colère des hôtesses et stewards. A différence de traitement, les PNC se sont sentis délaissés par rapport aux pilotes. Et c’est cette catégorie de personnels, les PNC qui a massivement dit non aux réformes de l’ancien président. La communication interne d’Air France n’avait rien vu venir, alors focalisée sur les pilotes.

Ben Smith vient de scier une branche pourrie en expliquant qu’il souhaitait se recentrer sur la marque Air France et développer une stratégie haut de gamme. Pour autant, Air France n’est toujours pas tirée d’affaire, La problématique de sa compétitivité demeure.

Avec les augmentations de salaires générales pour sortir d’une longue période de conflit social, et l’absence de mesures pour alléger la fiscalité du pavillon français, promises lors des assises du transport aérien, ses coûts ont plus augmenté que diminuer ces derniers mois.  

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