Guerre en Ukraine : l'Antonov-225, le "rêve" ukrainien détruit
C'est un coup dur pour la communauté aéronautique et pour le secteur de la logistique qui l'avait fortement utilisé pendant la crise du Covid-19. Baptisé "Mriya", "rêve" en ukrainien, l'avion cargo Antonov-225, le plus gros avion du monde, bien plus grand que l'Airbus A380, a été détruit par des frappes russes près de Kiev.
En ukrainien, "rêve" se dit Mriya. Mriya, c’est aussi le nom du plus gros avion du monde, l’Antonov-225, partiellement détruit, la semaine dernière, dans la nuit du 24 au 25 février, après un bombardement russe lors de l’invasion de l’Ukraine, sur sa base de Hostomel, à une vingtaine de kilomètres de Kiev.
Un exemplaire unique
Sa destruction par la Russie résonne comme un symbole politique qui va bien au-delà de l'Ukraine, dont il était l’une des plus grandes fiertés. Construit au temps de l’Union soviétique en 1988, pour transporter la navette spatiale Bourane, l'Antonov An-225 était l'avion de tous les superlatifs.
Il détenait toute une quantité de records. Avec ses six réacteurs, c’était le plus gros, le plus grand, le plus long, 84 mètres, la taille d’un terrain de football, 18 mètres de haut, capable de transporter jusqu'à 250 tonnes de fret.
Partout où il se rendait, l’Antonov-225 impressionnait et faisait la joie des spotters. De Vatry à Châteauroux en passant par Lyon ou Paris, son immense silhouette était bien connue des aéroports français.
Après la chute de l’Union soviétique, ce mastodonte des airs était resté plusieurs années sans activité, avant de reprendre du service au début des années 2000 pour des vols cargo et des missions humanitaires.
Exploité par Antonov Airlines, il a notamment, pendant la crise sanitaire, participé au pont aérien entre la France et la Chine, pour assurer la livraison de plus de huit millions de masques chirurgicaux. Selon les autorités ukrainiennes, la restauration de Mriya devrait coûter plus de trois milliards de dollars, et durer au moins cinq ans.
120 tonnes dans ses soutes
La destruction de l’Antonov 225 renvoie au sort de ses "petits frères les Antonov An-124 Ruslan" ukrainiens. Car leur devenir va conditionner les capacités de transport stratégique de plusieurs pays, et notamment de la France. Aujourd’hui, aucune puissance européenne ne dispose d'un tel avion, doté de telles capacités d'emport. L'Antonov-124 peut emporter dans ses soutes 120 tonnes, soit quatre fois la charge d'un A400M. Depuis des années, l'An-124 est devenu incontournable pour les opérations XXXL de projections extérieures des forces françaises.
Sous pavillon russe, ces avions ont servi, en Afghanistan, au Mali, à Djibouti et même pour des missions de l’OTAN, avant que Vladimir Poutine, ne les interdisent en 2018, pour des raisons politiques évidentes. Il ne restait, juste avant la guerre qu’un seul opérateur ukrainien pour assurer ces missions. Son avenir est aujourd’hui sérieusement menacé.
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