Retour sur le drame du vol MH17 abattu en plein vol par un missile sol-air de longue portée
Y-at-il eu des précédents d’avions abattus dans l’histoire de l’aviation commerciale ?
Il y a eu au moins quatre cas dans l’histoire de l’avion commerciale moderne. Le dernier en date remonte à octobre 2001. Un Tupolev 154 qui effectuait une liaison entre Tel Aviv et Novossibirsk en Sibérie avait été victime d’un tir accidentel, lors de manœuvres de l’armée ukrainienne . Il s’était abimé en Mer Noire avec 78 personnes à bord. Ensuite, il faut remonter à juillet 1988 avec ce vol d’Iran Air touché par des missiles de la marine américaine au-dessus du Golfe Persique, après une mauvaise communication entre le croiseur américain USS Vincennes et les pilotes de l’Airbus A300. En plein conflit entre l’Iran et l’Irak, le Golfe Persique était à cette époque le théâtre de lourds affrontements impliquant les forces américaines. L’avion assurait la liaison Téhéran-Dubaï et il volait bas. Bilan 290 morts .
L’accident dont tout le monde se souvient, c’est celui de ce Boeing 747 de Korean Airlines le 1er septembre 1983, entre New York et Séoul. L’appareil avait été abattu par un chasseur russe au large de l’île de Sakhaline en mer du Japon. En déviant de sa trajectoire, il avait violé l’espace aérien soviétique. Enfin, on a également le cas de ce vol de la compagnie Libyan Arab Airlines, Tripoli-Le-Caire en 1973. Le Boeing s’était égaré au-dessus du désert du Sinaï avant d’être détruit par la chasse israélienne.
© Anastasia Vlasova/European Pressphoto Agency
Peut-on protéger les avions de ligne de tir de missiles ?
Il existe effectivement des systèmes anti-missiles pour les avions de ligne. Mais seule, la compagnie israélienne El AL en est équipée. Le système développé par la société Elbit Systems consiste à protéger les avions civils des missiles sol-air à guidage thermique en les faisant dévier de leur cible grâce à un puissant laser. Ce moyen de défense répond à une situation bien particulière à laquelle sont confrontés les avions d’El Al. L’armée Ben Gourion de Tel Aviv est à la portée des roquettes qui pourraient être tirées depuis la bande de Gaza. On parle essentiellement de missiles Sam 7 ou Stinger. Il existe aussi des systèmes de leurres thermiques, dont sont notamment équipés certains avions gouvernementaux. Pour finir, on utilise également des systèmes de brouillage. Ils créent des interférences pour désorienter la trajectoire du missile. Mais ces systèmes anti-missiles sont extrêmement couteux.
© Maxim Zmeyev/Reuters
De quel missile parle-ton précisément dans le cas du vol de Malaysia Airlines ?
Dans le cas présent, on évoque un missile russe connu sous la dénomination de BUK, avec deux modèles, le Gadfly et le Grizzli équipés de système sol-air particulièrement performant et capable d’atteindre des altitudes de 82.000 pieds, c'est-à-dire 25.000 mètres.
On pense que les rebelles pro-russes en sont équipés, de même que les forces ukrainiennes. Ce type de missile sol-air nécessite un important dispositif au sol pour pouvoir être déployé. Il comprend un véhicule de commandement, la rampe de missiles, un système pour surveiller le radar et le guidage actif et surtout des dizaines d’hommes.
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Comment les occidentaux peuvent-ils identifier l’origine du tir ?
Depuis la sécession de la Crimée, qui avait surpris, les services de renseignements occidentaux, des moyens électroniques puissants survolent en permanence l’espace aérien proche de l’Ukraine, avec des avions du type Awacs, qui équipent les forces de l’otan. Donc, normalement, on devrait pouvoir récupérer différentes données électroniques sur l’origine et la localisation des radars et de poursuite et d’acquisition de ce missile sol-air, et voir quelle était sa cible et si d’autres avions se trouvaient dans le secteur.
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Pourquoi l’espace aérien n’était-il pas fermé au-dessus de l’Est de l’Ukraine alors qu’on savait le pays en guerre ?
En avril dernier, les autorités américaines et européennes avaient déjà émis des recommandations sur les risques encourus par les compagnies mais pas à haute altitude. Après les Etats sont souverains. Ce sont eux qui décident ou non d’interdire le survol de leur territoire. C’est ce qu’a fait l’Ukraine, en demandant à Eurocontrol, l’organisme qui gère la navigation en Europe de fermer son espace aérien.
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La Malaysia Airlines va-t-elle survivre à ce nouveau drame ?
Il y a peu de chance. Déficitaire depuis plusieurs années, la compagnie Malaisienne, a enregistré sur le premier trimestre de 2014 une perte de près de 140 millions de dollars, après un déficit de 367 millions en 2013. Et c’est sans compter sur les 12,5 millions de dollars que la compagnie va devoir débourser pour dédommager les victimes du vol MH370 disparu dans l’Océan Indien.
© Dominique Faget/AFP/Getty Images
Une situation d’autant plus difficile que la Malaysia Airlines a récemment modifié sa stratégie et décidé de baisser le prix de ses billets pour tenter d’enrayer son manque de compétitivité croissant par rapport à ses concurrents comme Air Asia ou Lion Air. Ce nouveau drame pourrait être le coup fatal porté à la compagnie. L’un des enjeux maintenant pour Malaysia Airlines est de savoir si elle pourra activer les zones d’exclusion de guerre présentes dans les contrats d’assurance.
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