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Cinéma week-end. "La Vie invisible d'Eurídice Gusmão" : du grand mélodrame romanesque

Le brésilien Karim Aïnouz rend hommage aux femmes des années 50 qui ont précédé les mouvements féministes.   

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"La vie invisible d'Euridice Gusmao" de Karim Aïnouz (Bruno Machado)

En adaptant un roman de Martha Batalha paru en France en 2017, La Vie invisible d'Eurídice Gusmão, le cinéaste Karim Aïnouz évoque la génération de sa mère et fait résonner ce récit avec le retour de bâton conservateur et patriarcal que subit actuellement le Brésil. Ses héroïnes sont deux sœurs de la classe moyenne de Rio qui, au sortir de l'adolescence sont brutalement séparées par le mensonge terrible d'un père archaïque.

Ça m'intéressait de voir comment on pouvait jouer avec le mélodrame aujourd'hui

Karim Aïnouz

L'une va se marier en rêvant encore à un destin de pianiste, l'autre, bannie, vivra en mère célibataire à la marge, dans un monde populaire débrouillard et joyeux malgré tout.  

Guida, la sœur rejetée écrit des lettres que sa sœur Euridice ne lira jamais, ces deux femmes ont beau subir le pouvoir des hommes, elles développent une résilience héroïque que Karim Aïnouz, grâce à ses deux magnifiques actrices, traite dans un style romanesque assumé. Du beau mélodrame brésilien.    

Docteur ? de Tristan Séguéla  

35 après Marche à l'ombre avec Gérard Lanvin, Michel Blanc est en duo avec un acteur inconnu au cinéma, mais très suivi sur YouTube, Hakim Jemili. Michel Blanc est docteur, chez SOS Médecin, il croise par hasard un coursier, qui comme lui travaille en ce soir de réveillon de Noël.

Avec Hakim, si on échangeait nos époques, on aurait fait ce que l'autre a fait

Michel Blanc

Bourru, porté sur la boisson et empêché par un lumbago, le toubib acariâtre décide d'envoyer le coursier faire les consultations à sa place. Dans cette virée parisienne nocturne, les gags s'enchaînent, c'est, disons, plaisant, bien rythmé et taillé sur mesure, pour un duo aussi inattendu que performatif.  

Une vie cachée de Terrence Malick 

Attention à ce que l'on dit sur Terrence Malick, génie absolu pour certains, cinéaste pompier et redondant pour d'autres. Depuis A Tree of Life, palme d'or à Cannes en 2011, le réalisateur de La Ligne rouge, Les Moissons du ciel, Le Nouveau monde était allé très loin dans ses envolées mystiques et son montage achronique.

Avec Une vie cachée il revient à ses fondamentaux : une intimité profonde, une quête spirituelle, et la nature, filmée sous toutes les coutures. Dans les Alpes autrichiennes, en 1938, un fermier, habité par la foi, refuse de faire allégeance au régime nazi, il ira jusqu'au sacrifice et se pose ici la question de la conviction personnelle quand elle met en péril l'unité familiale.

Mouvements de caméra, grand angle, blés ondoyants sous le vent, on est bien chez Terrence Malick qui essore son sujet, 2h53 durant. Seuls ceux qui ne connaissent pas encore son cinéma seront surpris.                

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