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Cinéma week-end. Maudit cercle du silence

"M" de Yolande Zauberman est un documentaire bouleversant sur le retour d'une victime d'actes de pédophilie dans sa communauté juive ultra-orthodoxe en Israël.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"M" de Yolande Zauberman (New Story Distribution)

À Bnei Brak, dans la banlieue de Tel Aviv, les Hassidiques vivent en vase clos, coupés du monde et de ses moyens de communication. "M", Menahem, y est né. Enfant à la voix d'or, il chante la liturgie yiddish, mais il y a 15 ans, il fuit cet univers rythmé par la religion et l'horreur qu'il a vécue, violé à de très nombreuses reprises. Avec Yolande Zauberman, qui avait signé le film choc Would you have Sex with an Arab, il accepte de revenir à Bnei Brak, dans l'espoir d'une improbable réconciliation.  

Menahem arrive dans le film dans une rage noire et le quitte réconcilié

Yolande Zauberman

Ce film est un miracle

Plus Menahem et la réalisatrice s'enfoncent dans la communauté, plus ils y sont acceptés. Et la parole se libère. Ils sont très nombreux à avoir subi le même sort, certains même, de victimes, sont devenus bourreaux.

Menahem, jeune homme à la beauté lumineuse, au sourire plein de résilience et de rage, agit comme un catalyseur. Il se réconcilie avec ses parents et sa vérité enfin révélée ressoude une communauté qui en l'accueillant à nouveau révèle une magnifique fraternité et accepte de combattre ses démons.

Qui m'aime me suive de Jose Alcala : un trio amoureux chez des retraités fauchés  

Jose Alcala, passé par le documentaire, on se souvient de son film Les Molex, des hommes debout en 2010, ne fait pas de la comédie hors sol. Il a ancré son histoire loufoque dans un réel marqué politiquement, nous sommes au-dessus du lac du Salagou dans l'Hérault, puis à Sète. Ses personnages ont forgé leur amitié dans la lutte pour le Larzac à une époque où le mot utopie pouvait se conjuguer au présent.

Jouer des personnages tordus, ça peut être jouissif, c'est un peu un exutoire

Bernard Le Coq

Mais 35 ans après, que reste-t-il de cette espérance de changer le monde ? Simone, Catherine Frot, n'en peut plus de l'aigreur de son mari, Daniel Auteuil, abîmé par la vie. Elle a encore en elle une folie de jeunesse qui la pousse à suivre son amant quand celui-ci, Bernard Le Coq, quitte le village.  

Le trio est irrésistible, c'est cash, sans filtre, et on savoure le fait de voir à l'écran Bernard Le Coq, trop souvent abonné aux seconds rôles. De Maurice Pialat à la série télé Une famille formidable, il a tout joué, chez Chabrol comme Dans la peau de Jacques Chirac, à deux reprises, avec un plaisir particulier pour les personnages pas forcément sympathiques.             

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