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Cinéma week-end. "Notre dame" de Valérie Donzelli, une comédie de l'air du temps

"Notre dame" de Valérie Donzelli, dans un Paris meurtri, post-attentats, est un film tourné avant l'incendie de Notre-Dame, mais rattrapé par la réalité.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le comédien Thomas Scimeca dans "Notre dame" de Valérie Donzelli (© 2019 RECTANGLE PRODUCTIONS)

Notre dame de Valérie Donzelli, c'est un peu un manuel de résilience, où l'humour met à distance un quotidien sombre. Les personnages de Valérie Donzelli sont naïfs, résistants. La réalisatrice est aussi son personnage central : Maud Crayon, une jeune architecte qui gagne par hasard un concours de la ville de Paris pour réaménager le parvis de Notre-Dame. Voir le monument intact sur grand écran après l'incendie est troublant, comme la polémique sur le projet d'architecture du film qui évoque à son corps défendant celle sur la rénovation du site.  

Les gens commencent à se dire qu'il y a des personnes intéressantes au théâtre pour le cinéma

L'acteur Thomas Scimeca

L'autre réussite du film, c'est son casting, très éclectique, entre Valérie Donzelli, elle-même, Bouli Lanners, Pierre Deladonchamp, Virginie Ledoyen, Philippe Katerin et Thomas Scimeca, dans le rôle de l'ex encombrant et immature. Thomas Scimeca est encore rare au cinéma, on l'a surtout vu chez Sébastien Betbeder, il vient du théâtre, où le cinéma ne va pas suffisamment puiser les talents actuels, comme ici dans la compagnie Les chiens de Navarre.    

Talking About Trees de Suhaib Gasmelbari 

Ce documentaire soudanais rend un hommage très émouvant à quatre réalisateurs aujourd'hui âgés de près de 80 ans, qui après des débuts prometteurs, quand le Soudan devient indépendant à la fin des années 50, ont subi la guerre civile et la montée de l'islamisme. Emprisonnement, torture, exil, ils sont sur le tard revenus à Khartoum, capitale dans laquelle il n'y'a plus de salles de cinéma. Avec leur van, leurs moyens dérisoires, un humour inoxydable et une élégance facétieuse, ils sillonnent le pays pour organiser des projections en plein air.

Le film suit leur projet, semé d'embuches, de montrer Django Unchained de Quentin Tarantino, dans ce qu'il reste d'un ancien cinéma colonial. Entre tracasseries administratives, censure religieuse et manque évident d'argent, Ibrahim, Suleiman, Manar et Altayeb n'ont que leur bonne volonté et une merveilleuse amitié à opposer.

Le documentaire a été tourné en 2015, quand le dictateur islamiste Omar el-Bechir était encore au pouvoir, depuis, la situation s'est légèrement améliorée et les quatre papys ont pu faire restaurer leurs œuvres de jeunesse, le cinéma comme acte de résistance, c'est toute la force et la force de Talking About Trees.  

The Lighthouse de Robert Eggers 

Trois ans après son terrifiant The Witch, Robert Eggers récidive dans le récit de la promiscuité et des univers clos. Il offre à Willem Dafoe et Robert Pattinson un terrain de jeux étouffant à souhait : dans la Nouvelle-Angleterre des années 1890, ils sont pour plusieurs semaines les gardiens d'un phare balayé par les tempêtes.  

Noir et blanc digne des grandes heures du cinéma muet, musique angoissante, ce huis-clos est taillé pour devenir un cauchemar. Willem Dafoe, l'aîné autoritaire est un ancien marin mythomane et cruel, Robert Pattinson un jeune errant taiseux, qui choisit ce job ingrat dans le seul but de survivre.

The Lighthouse est une montée en puissance de la tension entre les deux hommes, une inexorable avancée vers le chaos. La violence alcoolisée explose dans des scènes hallucinatoires, remarquablement filmées. Mais à autant esthétiser son film, Robert Eggers le vide de tout autre enjeu pour le spectateur, que le plaisir d'en admirer ses interprètes.            

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