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Grigny : des flics et des hommes

Toute la semaine, 5 jours à la Une dans la cité de la Grande Borne, à Grigny dans l'Essonne. L'une de ces nouvelles "zones de sécurité prioritaire" où la police mène une action ciblée avec des effectifs supplémentaires pour enrayer la spirale de violence et de la délinquance. Aujourd'hui troisième épisode avec les relations difficiles entre police et population.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Franceinfo (Franceinfo)

La
scène résume le rapport compliqué entre police et population à la Grande Borne.
Une femme seule, excédée, visiblement au bord de la crise de nerf. Elle a
reconnu la patrouille banalisée de la BAC de passage dans ce quartier excentré
de la cité où les habitants sont pour la plupart propriétaires.

"On vient de
vandaliser ma voiture, dit-elle aux policiers, la précédente on me l'a volé il y
a quelques mois. Ici,  c'est tous les
jours, en début d'après-midi, que des gamins s'en prennent au voiture et aux
box. J'en peux plus et quand on vous appelle, vous venez pas ! Je suis obligé
d'appeler un ami qui travaille au RAID pour vous faire intervenir dans le
quartier, vous trouvez ça normal ?
". Les trois policiers à bord encaissent. Ils
affirment être disponible 24h sur 24. La femme dit savoir beaucoup de choses sur
la délinquance dans le quartier mais il n'ira pas plus loin, à cause du micro de
France Info. " La peur des réprésailles ", affirment les
policiers.

Le pacte de confiance policiers/habitants semble profondément abîmé

A la Grande Borne, policiers et habitants semblent parfois
habiter sur deux planètes distinctes. D'un côté, des locataires (11.000),
insécurisés, en demande d'une police plus présente, plus active et efficace
contre les délinquants qu'elle paraît bien connaître. Des habitants sont en demande
aussi d'une police plus respectueuse, faisant preuve de plus de discernement
quand la situation monte d'un cran. Vis-à-vis des habitants les plus jeunes
notamment, ceux qui n'ont rien à se reprocher, mais se disent constamment
harcelés et méprisés par les effectifs de terrain de la BAC
notamment.

A l'autre bout, les policiers. Sous pression, coincés dans
leur tâche répressive, obsédés sur le terrain par leur propre protection, et qui
semblent de plus en plus coupés de la population. Loi du silence, mais pas
seulement.

A la Grande Borne, le pacte de confiance entre policiers
et habitants semble profondément abîmé. Restaurer cette confiance, un objectif
non-inscrit dans la feuille de route de la nouvelle ZSP de
Grigny.

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