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Quand le bruit des transports rend fou ! (Episode 1: la route et le ferroviaire)

Il y a 40 ans, en avril 1973, était inauguré le boulevard périphérique parisien. Aujourd'hui plus de 40 millions d'Européens sont exposés à un bruit excessif du au seul trafic routier. Comment réduire les nuisances sonores dont les transports sont responsables à 80% ? C'est avec Gérard FELDZER dans "Circulez, il y a le monde à voir".
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Environ deux cent mille immeubles sont situés dans trois mille zones de bruits classées critiques, c'est-à-dire dépassant les soixante dix décibels. Il existe deux types de solutions pour réduire le bruit des véhicules sur la route, comme nous l'explique Hélène Jacquot, directrice de l'IFSTTAR, l'Institut français des sciences et technologies des transports : diminuer le bruit à la source ou absorber le bruit produit. D'un côté, les constructeurs agissent sur les moteurs et de l'autre, les chercheurs planchent sur les revêtements.

Rendre une route plus lisse, c'est la rendre plus silencieuse.  "On peut diminuer la rugosité de la route jusqu'à un certain niveau au-delà duquel cela devient dangereux par temps de pluie. La deuxième solution, ce sont les enrobés drainants". Ces revêtements sont constitués de petites alvéoles qui réduisent le soulèvement d'eau et le bruit. 

Bruitparif, l'observatoire du bruit en Île de France, teste pour l'IFSTTAR ces nouveaux revêtements. Associés à une réduction de vitesse, ils s'avèrent très efficaces. Pour Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif, établir et partager des diagnostics précis est indispensable à la mise en route des plans d'action et de prévention du bruit.

 "Il faut réduire la vitesse dans les centres urbains et diminuer le nombre de véhicules, continuer la recherche de nouvelles techniques, de revêtements et adopter des comportements plus citoyens".

Les constructeurs automobiles, eux, travaillent sur la motorisation et l'aérodynamique, sources de bruit intérieur et extérieur.

Pour Vincent Roussarie, ingénieur acoustique chez PSA, le but de la recherche est de rendre le son de la voiture agréable à l'oreille, pas de l'éliminer totalement. 

 "Essayez de conduire avec des Boules Quiès, c'est vraiment difficile : il vous manque un canal sensoriel".

Les voitures qu'on n'entend pas arriver, comme les véhicules électriques, par exemple, peuvent représenter un danger pour les piétons. Aussi les ingénieurs élaborent-ils de jolis sons qui devraient remplacer les vilains bruits. 

Selon Hélène Jacquot, "tant que les piétons ne seront pas habitués au silence des moteurs électriques, on aura des problèmes de sécurité. Les gens n'admettent pas qu'un mobile qui leur arrive dessus et qui ne fait pas de bruit soit en mouvement".

"Certaines voitures électriques ont des petits créateurs de bruit, de façon à ce que la perception du mouvement soit réelle".

Quant aux nuisances sonores ferroviaires, leur histoire est encore plus ancienne que celle de la route. Les trains et les tramways ne sont pas en reste, car comme pour la route il y a des points noirs c'est-à-dire des niveaux sonores très durs à vivre au quotidien.

Des progrès ont été faits sur les moteurs, les freins en carbone, ou l'aérodynamique pour les TGV, mais le bruit de roulement le long des trente mille kilomètres de voies dépend surtout de l'état des rails dont beaucoup sont à rénover.

C'est la préocupation principale de Nathalie Vinciguerra, responsable environnement et développement durable chez RFF, Réseau Ferré de France : son rêve serait de "trouver les solutions qui nous permettent de résorber tous les points noirs bruit, notamment en Île de France" où l'on en compte vingt mille liés au ferroviaire.

Selon l'ADEME, le bruit serait responsable de 11% des accidents du travail, et de 20% des internements
psychiatriques
... le bruit rend fou. 

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