Barcelone : l'interdiction des locations Airbnb provoque la colère des propriétaires
Il existe un peu plus de 10 000 appartements touristiques à Barcelone. Une offre légale amenée à disparaître. D’ici 2029, la mairie va révoquer toutes les licences et donc il n’y aura plus de meublés touristiques. Une mesure qui pénalise les propriétaires qui dénoncent un important manque à gagner. Ils n’entendent pas se laisser faire et commencent à présenter des recours.
Enrique Alcantara, leur porte-parole, dénonce une forme d’expropriation : "Il s’agit, selon nous, d’une violation d’un droit fondamental, celui de la propriété privée. Ça entraîne des dépôts de plaintes et des demandes d’indemnisations qui s’élèvent à 1 milliard d’euros". La bataille judiciaire entre ces propriétaires et la mairie ne fait que commencer. Le tribunal constitutionnel espagnol a également été saisi par la droite qui s’oppose fermement à cette mesure.
Des loyers devenus trop chers pour les habitants
Pour les autorités, les appartements touristiques privent les habitants de logements. Barcelone est victime de son succès, en 10 ans, les prix des loyers ont augmenté de 68%. Une situation intenable pour les habitants, qui manifestent régulièrement contre le surtourisme et le coût des logements. Maria et Mar, deux Barcelonaises qui devront peut-être bientôt déménager, expriment leur colère. "Le prix des logements est de pire en pire et je vois que mes amis ne peuvent pas habiter à Barcelone. Ils ne peuvent pas, parce que les loyers sont trop chers. C'est la faute des appartements touristiques", argumente la première. "J'ai une famille, j'ai des enfants, je suis née ici, mais on nous fout dehors et je n'ai pas le droit de rester ici. Ici, il n'y a pas de futur pour les locaux", surenchérit la seconde.
En supprimant les meublés touristiques, Barcelone cherche donc à répondre à cette crise du logement. Mais ce n’est qu’une réponse partielle à un problème beaucoup plus large : il n’y a que 1,8% de logements sociaux à Barcelone. En France, la part de ces logements sociaux s’élève à 17%. Mais c’est vrai que le tourisme, et ce qu’on appelle les nomades digitaux, expulsent des habitants qui ne peuvent pas rivaliser en termes de pouvoir d’achat.
Pour Jordi Valls, maire adjoint de Barcelone, il faut agir. Les touristes doivent dormir à l’hôtel et les propriétaires de meublés touristiques devront remettre leur bien sur le marché classique. "La propriété reste entre les mains du propriétaire, assure-t-il. S’il veut, il peut louer l’appartement. S’il veut y vivre, il peut le faire également. Nous n’exproprions personne. La seule chose qu’on fait, c’est limiter l’usage comme appartement touristique parce que ça provoque une altération du marché résidentiel." À l’époque, la licence – valable à vie - pour ouvrir un meublé touristique, ne coûtait que 300 euros, très loin des sommes réclamées aujourd’hui par les propriétaires.
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