COP29 : en Pologne la majorité de l'énergie consommée est issue du charbon

Malgré des fermetures de mines, 7 millions de tonnes de charbon sont utilisées chaque année par les Polonais. Cette consommation a un impact sur la pollution dans le pays et sur la santé de ses habitants.
Article rédigé par franceinfo - Adrien Sarlat
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Un gros nuage de poussière de charbon s'élève au-dessus du port de Gdansk, après un déchargement, en Pologne, en juin 2023. (MATEUSZ SLODKOWSKI / AFP)

Alors que la COP29 bat son plein, la Grande-Bretagne a annoncé cette semaine interdire l’ouverture de nouvelles mines de charbon. Mais d’autres pays européens peinent à se débarrasser de cette énergie polluante. En Pologne, plus de la moitié de l’énergie consommée est issue du charbon et le pays reste le premier producteur d’Europe (3,5 millions de tonnes extraites chaque année). Le pays détient le taux de pollution atmosphérique le plus inquiétant en Europe, et son impact sur la santé des Polonais se fait sentir.

Historiquement, les premières victimes en Pologne sont à chercher du côté des mineurs. Au siècle dernier, des régions entières du pays se sont développées grâce à l’industrie minière, notamment la Silésie, dans le sud-ouest du pays. Des régions dans lesquelles les cas de maladies respiratoires se sont multipliés, notamment parmi les mineurs exposés à la poussière de charbon. Jerzy Hubka dirige le syndicat national des mineurs polonais, et il a vu la santé de ses collègues se dégrader au cours de sa carrière. "Beaucoup de mineurs auraient tout fait pour conserver leur travail. Ils ne se rendaient compte du problème que quand ils commençaient à se sentir affaiblis, alors que la maladie leur avait déjà pris les poumons. Mais c’était déjà trop tard", raconte Jerzy Hubka.

Quelque 50 000 décès par an attribués au charbon

Mais les conséquences de la pollution au charbon se font encore sentir aujourd’hui, même au-delà des bassins miniers en Pologne. Le pays enregistre le taux de pollution atmosphérique le plus haut de toute l’Europe. Infections, maladies chroniques, cancer, crises cardiaques et AVC : selon l’Agence européenne de l’environnement, cette pollution au charbon serait responsable de 50 000 décès chaque année en Pologne.

Le pneumologue Tadeusz Zielonka se bat pour faire reconnaître l’impact du charbon sur la multiplication de ces pathologies. Mais il regrette que la communauté médicale continue d’ignorer le lien entre qualité de l’air et mortalité dans le pays. "Les connaissances sur les pollutions atmosphériques ne font pas partie de la formation des médecins, donc ils passent à côté de l’information, ne sensibilisent pas leurs patients, et la société polonaise n’a pas conscience du problème". Le problème, justement, ce sont les vieilles chaudières à charbon que l’on trouve dans la plupart des foyers polonais, et qui sont responsables de 90% de cette pollution meurtrière.

Remplacer les chaudières à charbon

Fermer les mines de charbon pour améliorer la qualité de l’air n'est pas forcément une solution, car malgré les fermetures de mines chaque année, le pays continue de consommer 7 millions de tonnes de charbon par an, soit le double de ce qu’il produit aujourd’hui. La seule différence, c’est que le charbon que la Pologne ne peut plus extraire de ses mines, elle l’importe d’autres pays. Pour le militant écologiste Piotr Siergiej, la situation est absurde. "En fait, il faut prendre le problème dans l’autre sens : il ne faut pas agir au niveau des mines, mais remplacer les chaudières à charbon, car elles sont trop nombreuses par rapport à nos capacités de production minières, explique-t-il. Si c’est pour brûler du charbon d’Australie ou du Kazakhstan, ça n’a pas de sens".

Les autorités se sont attaquées au problème avec le programme Air Pur, qui finance le remplacement de ces chaudières domestiques. En cinq ans, il a permis de se débarrasser d’un tiers d’entre elles. Un résultat qui semble pour l’instant encourageant. Selon le gouvernement, la Pologne devrait être sortie du charbon à l’horizon 2050.

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