Débat sur l'ouverture des salles de shoot : la Suisse, pionnière et parfait exemple d'une expérience réussie

La Suisse a ouvert dans sa capitale, Berne, la première salle de shoot au monde en 1986. Aujourd'hui, elle en compte 18.
Article rédigé par franceinfo, Jérémie Lanche
Radio France
Publié Mis à jour
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Le Quai 9, salle d'injection située à Geneve. Photo d'illustration (NORBERT FALCO / MAXPPP)

En France, le débat sur les salles de shoot revient de manière cyclique sur le devant de la scène politique. Un rapport récent démontre les effets bénéfiques d'ouvrir plus de lieux surveillés dédiés à la consommation de drogue. Actuellement, le pays en compte deux à titre expérimental, à Paris et à Strasbourg. A contrario, la Suisse, qui a ouvert la première salle de shoot au monde en 1986, n’en compte pas moins de 18 aujourd'hui. Là-bas, on préfère parler de lieu de consommation sécurisé ou de local d’injection afin d'éviter de stigmatiser les usagers.

Le Quai 9, situé en plein centre de Genève, juste derrière la gare, existe depuis 20 ans. Auparavant, le quartier était un lieu de deal et de consommation. Aujourd'hui, "il l’est toujours, mais le local a contribué à pacifier l’espace public", explique Thomas Herquel, directeur de l’association et gérant du Quai 9. "Ici, les gens ont accès à du matériel d’injection stérilisé, ils peuvent voir un médecin, se faire dépister, mais aussi être accompagné par des travailleurs sociaux", poursuit-il. Aucune question n'est posée et il n'y a pas d’incitation à arrêter la drogue non plus. L’objectif premier du Quai 9 est dès lors plus prosaïque.

Les Suisses refusent de fermer les salles d'injection

À l’instar de beaucoup de pays européens, la Suisse est confrontée au crack. Pour rappel, le crack est un mélange de cocaïne durcie, qui se fume ou qui s’inhale. Cela provoque une forte addiction, mais aussi des comportements plus agressifs. À tel point, que le Quai 9 a dû bannir ses consommateurs depuis plus d’un an. En conséquence, un nouveau local séparé est en train d’être construit. Si le crack pose beaucoup de problèmes, la Suisse préfère encore contrôler ses usagers que de revivre l’expérience des années 80 et 90.

À l’époque, des milliers d’héroïnomanes s’injectent de la drogue au vu et au su de tous dans le parc Platzspitz au cœur de Zurich. Cela a eu pour conséquence de précipiter la généralisation des salles d’injections. Dès 1986, la Suisse ouvre sa première salle de shoot. Cette systématisation a permis de baisser les contaminations VIH et les overdoses. C'est, donc, avec un peu de regret que Thomas Herquel regarde la lenteur du débat en France. En Comparaison, les Suisses ont dû se prononcer dans les urnes dès 1997 pour savoir s’ils voulaient fermer les salles d’injection. La proposition a été refusée à plus de 70 %.

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