Taxe sur les produits sucrés : au Mexique, l'échec de la politique de santé sur l'obésité
Créée en 2014 pour lutter contre l'obésité, la taxe sur les produits sucrés avait pour objectif de réduire une des premières causes de l'obésité. En 2024, de nombreux parlementaires mexicains, conscients de ses limites, souhaitent son augmentation. Une mesure qui divise et le Parlement, et le gouvernement.
Une taxe plus lucrative que dissuasive
Cette taxe s'inscrit dans un ensemble de mesures de la politique de santé contre la malbouffe. Les produits dits non-nécessaires et à haute teneur en calories - les chips, les bonbons, les confitures, les crèmes sucrées ou encore les chocolats - sont par exemple taxés à hauteur de 8%. Pour les boissons sucrées, comme les sodas, les sirops ou les jus de fruits, l'État, qui taxait à hauteur de 1 peso par litre de boisson, a revalorisé cette taxe à hauteur de 1,5 peso par litre, soit près de 10% du prix de la bouteille. Un pourcentage qui pourrait sembler élever, mais que l'Organisation mondiale de la santé recommande à 20% pour lutter efficacement contre la malbouffe.
Les bénéfices sont doubles pour l'État mexicain qui lutte à la fois contre l'obésité, toujours plus persistante au sein du pays, et qui profite tout autant de généreuses recettes fiscales. En 2023, la taxation des boissons sucrées aurait, à elle seule, rapporté 50 milliards de pesos, et les produits trop caloriques, plus de 30 milliards. Une somme qui représente environ 3,5 milliards d’euros chaque année, et qui devrait servir la politique de santé publique, mais qui malheureusement repart chaque année dans les caisses du budget général.
L'échec de la politique de santé mexicaine
Mais l'efficacité de cette fiscalité dissuasive reste à relativiser. En ce qui concerne les sodas, on a pu observer une diminution des ventes en 2015 et en 2016, les deux premières années. Mais le Mexique reste de loin le premier consommateur de boissons sucrées, avec une consommation de 170 litres par an par habitant. Des Mexicains qui ne sont d'ailleurs pas en meilleure santé, alors que l'obésité continue de progresser : 7 adultes sur 10 souffrent de surpoids.
Chaque année, la malnutrition ferait au moins 40 000 morts. C’est donc un enjeu majeur de santé publique pour le gouvernement. En plus des taxes, il parie ainsi sur d’autres mesures : étiquettes d’avertissements, interdiction du marketing pour les enfants, et dès l’année prochaine, l’élimination des points de vente de malbouffe à l’intérieur et autour des écoles.
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