L'Ukraine, première victime des armes à sous-munitions, selon un rapport

L’Observatoire des armes à sous-munitions a publié lundi son rapport annuel. Sans surprise, c’est en Ukraine que ces armes, théoriquement bannies par des textes internationaux, font, une fois encore, le plus de ravages.
Article rédigé par Jérémie Lanche
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une fusée de 300mm, qui semble contenir des sous-munitions, enfoncée dans le sol après un bombardement dans la banlieue nord de Kharkiv, le 21 mars 2022. (SERGEY BOBOK / AFP)

Russie, Ukraine, Birmanie, Syrie… Ces quatre pays en guerre utilisent des armes à sous-munitions. Dans son rapport annuel, l’Observatoire des armes à sous-munitions fait état, lundi 9 septembre, de l’impact qu’ont ces armes prohibées sur les populations civiles. Depuis le début de l’invasion russe, on estime que plus d’un millier de personnes ont été ou blessées ou tuées par des armes à sous-munitions. Dans la quasi-totalité des cas, il s’agit de civils et 50% du temps, ce sont même des enfants. Un bilan humain horrible, qu’on pourrait rapprocher de celui d'une autre arme honnie, les mines antipersonnel.

Quelle est la différence entre les deux ? Pour un Ukrainien, très franchement, aucune. La mine antipersonnel est posée au sol, légèrement camouflée. Elle se déclenche dès que vous passez à côté. La bombe à sous-munition, elle, va disperser en l’air des dizaines, voire des centaines, de petits explosifs sur un large périmètre. Autant de futures mines antipersonnel qui peuvent exploser des mois, voire des années, plus tard. Comme les mines antipersonnel, les bombes à sous-munitions sont théoriquement bannies par des textes internationaux. Mais dans les deux cas, ni la Russie, ni la Chine, ni même les États-Unis n’y ont adhéré. Pourtant, avec 219 victimes en 2023, partout dans le monde, le nombre de tués recule largement. On en comptait plus d’un millier en 2022.

Un bilan largement sous-estimé

Ce bilan s'explique d'abord parce qu'il est très difficile de recenser les victimes, même en Ukraine. Le nombre est sans doute bien en deçà de la réalité et puis surtout, selon le chercheur Loren Persi, de l’Observatoire des mines, les bombes à sous-munitions tuent surtout après la guerre. "Quand les combats baissent en intensité ou qu’il y a la paix, les gens retournent dans des endroits qui sont contaminés par les bombes à sous-munitions, explique-t-il. C’est à ce moment-là qu’on voit le plus de morts. Donc cette baisse ne veut pas vraiment dire qu’il y aura moins de victimes".

Les organisations qui militent pour l’interdiction totale de ces armes ont enregistré deux revers dernièrement. Tout d'abord, l’annonce par Joe Biden de la livraison de bombes à sous-munitions à l’Ukraine pour se défendre. Ensuite, cet été, la décision de la Lituanie de se retirer de la Convention sur les armes à sous-munitions par crainte du bellicisme russe. Cela n’était jamais arrivé jusqu’ici. Le risque est que d’autres voisins de la Russie décident de faire la même chose.

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