Au Venezuela, Nicolas Maduro réprime l'opposition mais se fait saisir un avion par Washington

Un peu plus d'un mois après une élection présidentielle que l'opposition estime entachée de fraudes, le président vénézuélien, dont la popularité et la légitimité s'effritent, a vu l'un de ses avions saisi par les autorités américaines. Le dernier épisode d'un bras de fer à distance entre Caracas et Washington.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'avion privé de Nicolas Maduro, un Falcon 900EX, après avoir été saisi par les États-Unis. (MIGUEL GUTIERREZ / AFP)

L'image est insolite. Un avion immobilisé, lundi 2 septembre, sur le tarmac d'un aéroport de Floride, encadré et surveillé de près par des officiers de la sécurité intérieure américaine. L'appareil, un Falcon 900EX de Dassault, appartiendrait à Nicolas Maduro, le président du Venezuela. Dans un communiqué, le ministre américain de la Justice, Merrick Garland, précise que "le ministère de la Justice a saisi un avion que nous considérons comme ayant été acheté illégalement pour 13 millions de dollars par l'intermédiaire d'une société écran, et sorti clandestinement des États-Unis pour être utilisé par Nicolas Maduro et sa clique". Le communiqué ajoute que l'appareil a été saisi en République dominicaine et transféré en Floride.

Le ministère vénézuélien des affaires étrangères dénonce "un acte de piraterie" après cet affront pour Nicolas Maduro. Derrière cette saisie, il faut à l'évidence voir un coup de pression américain au moment ou le régime de Caracas tente d'imposer le récit d'une victoire de Maduro à la présidentielle organisée fin juillet. Un scrutin entaché de lourds soupçons de fraude, les procès-verbaux des bureaux de vote n'ayant jamais été transmis, ce que la commission électorale justifie piteusement par la théorie d'une attaque informatique le jour du vote, où l'opposition a clamé sa victoire.

Un ordre d'arrestation du parquet contre le leader de l'opposition

Une opposition dont le candidat unique à la présidentielle, Edmundo Gonzales, est désormais sous la menace directe du parquet vénézuélien, qui a officiellement émis dans la nuit de lundi à mardi un ordre d'arrestation contre lui, après trois convocations où il ne s'est pas présenté "faute de garanties sur l'indépendance de la justice".

Des figures de l'opposition contraintes à la clandestinité depuis fin juillet, alors qu'une chape de plomb s'est abattue sur le pays. Quelque 27 personnes sont mortes en marge de manifestations, et au moins 2 400 arrestations ont eu lieu, ce qui est inédit depuis 30 ans. Des arrestations arbitraires, y compris dans des quartiers populaires, où Nicolas Maduro ne peut plus compter sur l'adhésion d'une base qu'Hugo Chavez avait pris soin de nourrir d'aides sociales généreuses, avec l'argent du pétrole.

Le Venezuela dispose des plus grandes réserves d'or noir au monde. Mais il ne peut plus vendre ce pétrole, ni même le raffiner, à cause des sanctions américaines prises par l'administration Trump en 2017, et qui ont laissé le pays exsangue. Washington avait desserré l'étau, par opportunisme, après le déclenchement de la guerre en Ukraine, et l'embargo sur les exportations de gaz et de pétrole russe. C'était au prix d'une avancée démocratique qui n'a pas eu lieu dans un pays vidé de plus de 20% de sa population depuis 2015, avec environ 7,5 millions de Vénézuéliens contraints à l'exode.

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