Avec la fête hindoue de Kumbh Mela, l'Inde entame le plus grand pèlerinage de l'histoire

Environ 400 millions de pèlerins sont attendus jusqu'au 26 février dans la ville de Prayagraj, pour célébrer la fête de Kumbh Mela. Un rassemblement d'une ampleur sans précédent dans l'histoire, et pour lequel les autorités indiennes ont mis en place une logistique colossale.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les saintes femmes hindoues participent à un rituel de bain de masse à Sangam, au confluent du Gange, de la Yamuna et des mythiques rivières Saraswati pour marquer le festival Maha Kumbh Mela à Prayagraj le 14 janvier, 2025. (IDREES MOHAMMED / AFP)

C'est un pèlerinage géant qui a lieu une fois tous les 12 ans. Les célébrations de Kumbh Mela ont débuté, mardi 14 janvier, dans le nord de l'Inde, au rythme des cortèges d'éléphants, de dromadaires et de chars décorés. Et des millions d'hindous sont venus de tout le pays, et du monde entier, pour ce rendez-vous qui incarne selon le premier ministre Narendra Modi "l'héritage spirituel éternel de l'Inde".

Une immersion aux premières lueurs du jour, dans une eau assez fraîche en cette saison, et sous un déluge de pétales de rose, comme le veut la tradition. Les festivités ont lieu à Prayagraj, grande ville de la province de l'Uttar Pradesh, située à la confluence des grands fleuves sacrés du nord du pays : le Gange, la Yamuna, et la rivière mythique de Sarasvati, où les fidèles, vêtus couleur safran, viennent se laver de leurs péchés.

Promotion nationaliste et d'une hégémonie hindoue

La Kumbh Mela, qui peut se traduire par "fête de la cruche" en hindi, fait référence à la bataille mythologique entre Dieux et démons pour posséder une cruche contenant le nectar de l'immortalité, appelé amrita. Dans la bataille, et toujours selon la légende, des gouttes du précieux nectar se seraient déversées en quatre endroits, dont cette ville de Prayagraj, où la fête est célébrée depuis plusieurs siècles. Comptant parmi les plus anciennes villes du pays, la ville, célèbre pour son université et un temps désignée capitale sous l'occupation britannique, a vu naître des figures politiques indiennes, comme Jawaharlal Nehru ou Indira Gandhi, du temps où la cité s'appelait Allahahbad. Elle a été rebaptisée Prayagraj en 2018, pour retrouver ses origines sacrées.

Un choix qui obéit à une logique politique, à l'image de l'offensive nationaliste conduite par Narendra Modi depuis son accession au pouvoir. Pour le dirigeant indien, tout est bon pour promouvoir et développer l'hégémonie hindoue, et cette grande fête doit y participer. Les moyens mis en place pour encadrer les célébrations sont donc à la hauteur de la démesure de la fête. Une logistique délirante prévoit jusqu'au 26 février l'installation d'une sorte de ville provisoire d'une taille équivalente à la ville de Lyon, avec des dizaines de milliers de tentes, 150 000 toilettes (!) et près de 70 000 lampadaires installés pour accueillir les pèlerins, qui seront acheminés par plus de 13 000 trains. Il faut bien ça pour gérer l'afflux d'environ 400 millions de visiteurs - là ou nos JO n'en ont accueilli qu'une dizaine de millions l'été dernier à Paris - et pour faire de ces célébrations le plus grand pèlerinage de l'histoire.

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