Sous la pression, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, annonce qu'il va démissionner
"Merci tout le monde, merci d'être ici dans une belle journée d'Ottawa", a commencé Justin Trudeau, pupitre installé en extérieur sur le perron de sa résidence d'Ottawa, avec vue sur le Québec voisin et prise de parole en anglais et en français.
"Chaque matin, je me suis réveillé en tant que Premier ministre, inspiré par la résilience". Le Premier ministre canadien, au pouvoir depuis 10 ans, a été rattrapé par les divisions de son camp. Il résume le blocage politique avec une formule toute québécoise : "Le Parlement a besoin de se calmer un peu les pompons et pas à faire de la petite politique constante."
"Se calmer les pompons", expression utilisée au Québec pour demander à quelqu'un d'arrêter un comportement scandaleux, une version canadienne de la bordelisation de l'Assemblée.
Une décision mûrement réfléchie
Comme Emmanuel Macron, avec qui on l'a souvent comparé, Justin Trudeau doit faire depuis trois ans avec une minorité au Parlement. Lâché par un parti allié en septembre 2024, il a vu sa vice-première ministre démissionner en décembre 2024. La censure était inévitable, alors Trudeau prend les devants et, là ou certains s'imaginent candidat devant la glace en se rasant, lui a mûri sa décision.
"J'ai l'intention de démissionner de mon poste de chef du parti libéral du Canada et de Premier ministre, une fois que le parti aura choisi son prochain chef."
Les travaux du parlement sont interrompus jusqu'en mars, le temps pour le parti libéral de désigner un nouveau dirigeant. Les prochaines élections prévues à l'automne devraient être anticipées, mais la date n'est pas encore connue. Le parti conservateur, qui compte 20 points d'avance dans les sondages, fait partie des grands favoris. Le nouvel homme fort du Canada pourrait être Pierre Poilievre, surnommé le "Trump canadien".
L'influence de Trump
La menace de Donald Trump d'imposer des droits de douane de 25% au Canada a fait imploser le gouvernement de Justin Trudeau. C'est un risque énorme pour le Canada, dont 75% des exportations vont vers les États-Unis.
Justin Trudeau était allé à Mar-a-Lago, fin novembre 2024, négocier avec Trump qui l'avait humilié en le qualifiant de "gouverneur du Canada". Donald Trump suggère de faire du Canada le 51e État américain.
Deuxième pays du monde en termes de superficie, le Canada n'a pas l'intention de devenir l'État le plus peuplé des États-Unis, mais il va devoir tourner la page d'un dirigeant charismatique, qui incarnait la modernité et qui avait acquis une renommée mondiale avec ses discours lyriques. Il va donc falloir aussi calmer le pompon du voisin américain.
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