Donald Trump lorgne sur le Groenland et le canal de Panama, sans exclure d'utiliser la force

À quelques jours de son investiture, le président élu américain a employé un ton menaçant pour évoquer ses vues sur l'île appartenant au Danemark, et sur le carrefour du commerce mondial, qu'il compte intégrer au giron américain. Par la force, s'il le faut.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un avion transportant Donald Trump Jr. à Nuuk, au Groenland, le 7 janvier 2025, pour une courte visite privée. (EMIL STACH / RITZAU SCANPIX)

Il n'est pas encore installé à la Maison Blanche, mais Donald Trump a déjà manifestement enfilé son costume de patron de la première puissance mondiale. Après avoir menacé de faire usage de la "force économique" contre son voisin canadien, qu'il invite à devenir "le 51e État américain", le milliardaire s'est attaqué frontalement mardi 7 janvier 2025 au Groenland et au Panama. Deux cas bien distincts, mais deux territoires sur lesquels Donald Trump a des visées sérieuses.

Le Groenland et ses ressources

Territoire autonome depuis 1979, mais sous la souveraineté du Danemark depuis deux siècles, le Groenland a déjà fait l'objet de deux tentatives américaines de s'approprier la plus grande île du monde. Après le président Monroe en 1867, Harry Truman avait proposé 100 millions de dollars en 1946, à la sortie de la guerre, pour obtenir la propriété de cet immense territoire, à 80% recouvert de glace, et peuplé d'à peine plus de 50 000 habitants. Donald Trump avait émis le même souhait en 2019. Le voilà qui revient à la charge, estimant que son rattachement aux États-Unis est "une nécessité absolue pour la sécurité nationale et la liberté à travers le monde". Il a évoqué des mouvements de bateaux russes et chinois, et a menacé le Danemark de droits de douane "très élevés" s'il ne renonçait pas à ce territoire autonome. "Le Groenland est aux Groenlandais", a répliqué la Première ministre danoise, quand le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, estime qu'il n'est pas question de laisser Trump menacer les "frontières souveraines" de l'UE. Un bras de fer sur fond de guerre de communication, car dans le même temps, le fils du président, Donald Trump Jr, atterrissait au Groenland avec un avion siglé "Trump", et diffusait des images de son escale avec des habitants portant des casquettes MAGA (Make America Great Again) et promettant de revenir. Au-delà de sa position stratégique dans l'Arctique, le Groenland possède des eaux très poissonneuses, et de nombreuses terres rares, peu exploitées jusqu'ici, mais indispensables aux énergies vertes et aux nouvelles technologies.

Le canal du Panama, carrefour du commerce mondial

Construit par des soldats américains au début du XXe siècle, le Canal du Panama, qui a révolutionné la circulation maritime, est officiellement passé sous le contrôle du Panama en 1999. Une décision prise par Jimmy Carter, décédé il y a quelques jours, et que Trump considère comme une erreur historique. "Ils ne nous traitent pas de manière juste. Ils font payer nos navires davantage que les navires d'autres pays", a-t-il expliqué le regard noir lors d'une conférence de presse à Mar-a-Lago, en s'en prenant vertement aux autorités panaméennes. Là encore, la rivalité avec la Chine, dont de nombreux navires empruntent le canal, est en toile de fond de la réflexion du président américain qui n'a pas exclu, dans le cas du Panama comme dans celui du Groenland, d'avoir recours à la force. Une menace sidérante, dont il reste difficile de savoir à quel point il faut la prendre au sérieux, mais qui donne le ton de son deuxième mandat, à douze jours de la cérémonie d'investiture, et de son retour à la Maison Blanche.

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