Guerre en Ukraine : l'avancée inéluctable des troupes russes sur le front est
Les images tournent début octobre sur les chaînes Telegram russes. Deux soldats escaladant les ruines d'un bâtiment de Vouhledar pour y agiter le drapeau russe, marquant la prise d'une ville où le commandement militaire ukrainien a ordonné le retrait de ses troupes.
Un crève-cœur pour les forces de Kiev, qui tenaient leur position depuis plus de deux ans dans cette petite cité minière du Donbass, posée à une cinquantaine de kilomètres de Donetsk. Une petite ville qui symbolisait la résistance héroÏque des troupes ukrainiennes, notamment dans ce qui fut la plus grande bataille de chars de la guerre au début de l'année 2023. Une petite ville dont il ne reste rien, ou presque. Alors qu'environ 15 000 habitants étaient recensés avant la guerre, il n'en restait que 107 dernièrement, des irréductibles qui vivaient dans des sous-sols installés dans les maisons ou les écoles.
La chute d'une "forteresse"
Si Vouhledar ne représente que deux petits kilomètres carrés, sa chute est un coup dur pour Kiev. La cité minière représentait un verrou stratégique et un nœud logistique important, à la jonction des fronts de l'est et du sud de l'Ukraine.
Non loin de la grande ville de Donetsk, la ville est à proximité d'axes routiers importants vers l'ouest et vers le nord, et d'une ligne ferroviaire qui relie la Crimée, annexée par Moscou. Le Kremlin faisait d'ailleurs de sa prise une étape indispensable à la maîtrise de la région de Donetsk, dont la Russie contrôle environ 60%.
Avec cette nouvelle avancée, Moscou resserre l'étau autour d'un autre objectif majeur, Pokrovsk, plus au Nord, une ville qui abrite une part considérable de la production d'acier en Ukraine.
Conquêtes russes et lassitude ukrainienne
Dans une zone où les deux armées se font face depuis des années, aucune percée majeure n'est à signaler. Mais à force d'assauts répétés et d'encerclement des villages, les troupes russes grignotent, jusqu'à progresser d'une vingtaine de kilomètres depuis le début de cette année 2024. C'est peu au regard des moyens déployés et de la supériorité humaine et militaire russe, mais c'est significatif à l'échelle d'un front enlisé.
Vladimir Poutine compte d'ailleurs accentuer l'effort de guerre. En début de semaine, il a annoncé une augmentation du budget de défense de 30% pour 2025, et le recrutement de plus de 200 000 nouveaux soldats pour porter les effectifs de l'armée à 1,5 million de combattants, soit la deuxième armée du monde.
Des renforts humains et un effort financier qui interviennent quand l'Ukraine reste suspendue à l'aide occidentale et au résultat de la présidentielle américaine de novembre. Après 31 mois de guerre, le renouvellement des troupes est très difficile, et l'épuisement général, à l'aube d'un hiver redouté par les Ukrainiens qui souffrent des attaques répétées sur leur réseau électrique. Mais les pertes restent limitées, et Kiev continue de croire à la victoire, comme le président Volodymyr Zelensky l'a répété il y a quelques jours, à la tribune de l'ONU.
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