"S’ils nous attaquent, on se défendra": la minorité kurde de Syrie prise entre deux feux depuis la chute de Bachar al-Assad

La chute du régime de Bachar al-Assad suscite des inquiétudes au sein de la minorité kurde, qui contrôle le nord du pays et se retrouve aujourd'hui prise en étau entre les rebelles islamistes et les groupes armés pro-turcs.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie - Fabien Gosset
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Vian Halap, membre des forces de sécurité de Sheikh Maqsoud, à Alep. (Isabelle LABEYRIE / Franceinfo)

En Syrie, la chute du régime de Bachar al-Assad inquiète la minorité kurde, qui contrôle le nord du pays et se retrouve aujourd’hui prise entre deux feux. D’un côté, les milices soutenues par la Turquie ont repris leur offensive pour les chasser des terres frontalières. De l’autre côté, un nouveau gouvernement qui ne lui donne aucune garantie de sécurité.

Le quartier de Cheikh Maqsoud, à Alep, peuplé de 500 000 habitants, accueille aujourd’hui les Kurdes comme Mohamad, chassés des terres situées plus au nord. "Quand les groupes rebelles soutenus par la Turquie sont entrés dans mon village, dit-il, il y a eu des meurtres et des kidnappings, juste parce qu’ils étaient kurdes". Les récits d'exactions se multiplient, la pression militaire s'accentue et la lassitude augmente. "On veut que la Turquie s’en aille. Laissez-nous tranquilles, s'insurge Mohamad".

"Laissez les Syriens régler leurs problèmes. On n’est pas des terroristes."

Mohamad, un habitant de Cheikh Maqsoud

à franceinfo

La crainte du "radicalisme religieux"

La communauté ne se sent pas non plus protégée par le nouveau gouvernement syrien. "Certains groupes, au sein de la coalition de rebelles ont juré de tuer ceux qui ne suivaient pas la charia. Nous, on n’acceptera pas le radicalisme religieux", explique Évine Slemane, représentante de Cheikh Maqsoud, elle est elle-même une cible. Pour l’instant, le nouveau dirigeant demande uniquement à toutes les factions de rendre leurs armes.

Vien, cheveux noirs tirés en arrière et kalachnikov en bandoulière, fait partie des forces de sécurité qui protègent l’enclave. "Si on a la garantie que nos droits sont préservés, bien sûr, on rendra nos armes, mais jusqu’ici on n’a eu aucune garantie, note-t-il. S’ils nous attaquent, on se défendra jusqu’à la dernière goutte de notre sang". Les Kurdes disent pourtant vouloir privilégier une solution politique et demandent que leur culture, leur langue et leurs terres soient protégées par la future Constitution.

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