Trêve à Gaza : "Le soulagement est beaucoup plus grand du côté palestinien que du côté israélien", explique le géopoliticien Dominique Moïsi

La guerre est-elle terminée, comme l'a annoncé Joe Biden, qui s'apprête à quitter la Maison-Blanche ? L'accord survenu mercredi n'est pas encore tout à fait validé par le gouvernement israélien, qui malgré ses victoires "se voit contraint de négocier encore avec le Hamas", explique Dominique Moïsi.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des milliers de Gazaouis ont célébré le 15 janvier la nouvelle de la conclusion d'un accord de cessez-le-feu et de libération des otages entre Israël et le Hamas. (ASHRAF / MAXPPP)

"Les pressions de Donald Trump ont apparemment fait la différence sur les Israéliens", analyse Dominique Moïsi, conseiller spécial à l'Institut Montaigne, à l'annonce par Joe Biden, mercredi 15 janvier, d'un accord de trêve tant attendu entre Israël et le Hamas. Un arrêt des hostilités qui pourrait durer grâce à "un équilibre des forces différent", avec "l'épuisement des opposants d'Israël"; ajoute le politologue, qui a entraîné "l'affaiblissement considérable de l'Iran et de ses alliés" du Hamas, du Hezbollah et de l'ancien régime syrien.

Au soir du mercredi 15 janvier, des scènes de joie ont éclaté dans la bande de Gaza. Cette satisfaction des Palestiniens, dans une bande de Gaza dévastée par la guerre qui a fait des milliers de morts, se mêle à l'espoir des Israéliens de retrouver des otages retenus depuis l'attaque terroriste du 7 octobre 2023, à l'origine du déclenchement des opérations militaires israéliennes. "Mais il y a eu un moment de soulagement beaucoup plus grand du côté palestinien que du côté israélien, décrit Dominique Moïsi, parce que du côté palestinien, on a l'impression que le pire va s'arrêter, alors que du côté israélien, on n'est pas sûr que le meilleur commence."

Si le contexte a changé depuis la dernière tentative de cessez-le-feu, en mai 2024, le scénario d'une victoire totale, longuement prôné par Benyamin Nétanyahou, s'est progressivement évaporé. Et pour les Israéiens, c'est une épreuve, explique Dominique Moïsi, de se dire : "Nous avons marqué tellement de points contre nos adversaires, mais nous n'avons pas gagné la guerre, nous devons continuer à négocier avec le Hamas, et nous allons libérer beaucoup de combattants palestiniens qui ont du sang sur les mains, pour un résultat qui n'est pas assuré."

Mise en œuvre dimanche avec une première libération d'otages

L'esprit général de cet accord - le même qui était sur la table en mai 2024 et que le Hamas avait alors refusé - se base sur un échange. Il prévoit une libération progressive des otages qui sont toujours retenus dans la bande de Gaza contre un retrait progressif de l'armée israélienne de cette enclave et la libération de prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Ce plan comprend trois phases qui s'étalent dans le temps. Mais seule la première phase est vraiment détaillée, pour l'instant. Elle doit durer 42 jours, avec une première libération d'otages qui doit intervenir dimanche 19 janvier, lors de la mise en œuvre de cet accord. Cela concernerait trois otages. Puis seraient libérés quatre otages au bout d'une semaine, et ainsi de suite.

Si tout se passe bien. Ces otages seraient des femmes, des enfants ou des malades. On parle en échange de libération de centaines de prisonniers palestiniens et d'un retrait des militaires de l'armée israélienne, qui resterait néanmoins dans une zone tampon d'environ un kilomètre sur les frontières de la bande de Gaza.

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