Dans la peau de l'été : la climatisation

La "clim'" a été inventée il y a 180 ans par un médecin John Gorrie, l'un des premiers docteurs à travailler pour l'ancêtre du Service de santé publique aux Etats-Unis. Convaincu que la chaleur et l’humidité seraient à l’origine des épidémies de malaria, ce professionnel en Floride tente de réduire la température dans les chambres d’hôpital : il imagine alors, dès 1842, le premier système d’air conditionné au monde. Il s'agit alors d'un système assez rudimentaire : ventiler de l’air depuis un bloc de glace importé depuis Boston.

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Quelques années plus tard, il dépose une demande de brevet pour une machine plus sophistiquée. Mais les journaux l’attaquent alors violemment, le qualifiant même de "cinglé qui pense pouvoir fabriquer de la glace comme Dieu tout-puissant".

Il faut atteindre 1902 pour qu’un ingénieur lance réellement l’air conditionné au niveau industriel. Et c'est d'abord au cinéma que ça se passe : la climatisation est installée pour la première fois en 1925 par la Paramount dans son cinéma new-yorkais, le Rivoli Theater. Et devient même un argument de vente pour les salles obscures, auparavant désertes en été.

Pire qu'avant

Aux beaux jours, les propriétaires de cinéma installent donc des panneaux avec des flocons de neige pour attirer les spectateurs. Peu à peu, l'air frais m'installe partout dans les restaurants, les magasins, les entreprises, chez les particuliers et, bien sûr, dans les voitures. Problème : si la climatisation a permis de faire baisser la mortalité pendant les canicules, elle est aussi la source de la chaleur. 

Au-delà de la consommation folle d’énergie pour fonctionner, elle rejette l’air chaud à l’extérieur renforçant les îlots de chaleurs urbains en ville. Elle serait, à elle seule, responsable d’une augmentation de deux degrés de la température à Paris en période de canicule. Et c’est loin d’être fini, puisque selon l’Agence internationale de l’énergie, le nombre de climatiseurs pourrait attendre 5,5 milliards d'ici en 2050, contre un peu plus d’un peu plus d’un milliard aujourd’hui. Des chiffres qui font froid dans le dos…