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Dans la peau de l'info. Ce que vous ne saviez peut-être pas sur les cimetières

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu ou d'un fait au cœur de l'actualité. Mardi 1er novembre : un cimetière.

Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 333 min
Le cimetière du Pont de Justice à Nîmes, le 28 octobre 2022. (PHILIPPE THOMAIN / RADIO FRANCE)

Aujourd'hui, plus d'un Français sur deux de plus de 40 ans viendra sans doute dans mes allées se recueillir, fleurir et nettoyer le monument funéraire d’un proche disparu. 200 000 personnes viendront, rien que pour les cimetières parisiens. Mais c’est un fait : on me fréquente de moins en moins, au point que certains s’interrogent sur mon avenir et celui de mes 40 000 semblables. Alors que j’affiche de plus en plus souvent complet, et qu’il faut compter jusqu’à 3 000 euros pour une concession pour 30 ans, de plus en plus de Français – près de 40 % – décident d’avoir recours à la crémation, contre moins de 1 % dans les années 80.

Les 193 crématoriums de France tournent à plein régime et n’arrivent pas à répondre à la demande. Et ça ne va pas s’arrêter car, d’ici la fin de la décennie, les enterrements devraient devenir minoritaires en France. D’ailleurs, l’Église elle-même, si farouchement hostile à ce rituel pratiqué durant l’Antiquité par les païens, a fini par revoir sa position et se contente désormais de "recommander la pieuse coutume d’ensevelir les corps". Alors moi, le cimetière, je dois me réinventer, me transformer, créer des columbariums... quand les familles ne choisissent pas, tout simplement, de disperser les cendres de leurs proches dans un lieu symbolique ou en pleine nature. 

Des lieux plus verts

Depuis cet été, les phytosanitaires chimiques n’ont plus droit de cité dans mon enceinte. Dans les villes ayant anticipé, les herbes hautes, la mousse et les pissenlits ont déjà fait leur retour alors que certaines concessions abandonnées sont débétonnées pour planter des arbres symboles, des lierres pour l’immortalité et autres saules pleureurs – évocateurs du deuil – ainsi que des fleurs vivaces autour de tombes que plus personne ne vient fleurir.

Je suis désormais moins minéral, plus spontané, et ce n'est pas toujours facile à accepter pour certaines familles qui s’étaient habituées à mes allées bien "entretenues". Mais c’est peut-être ça le secret de mon avenir : ne plus être simplement un lieu pour se recueillir sur les tombes de nos morts mais redevenir, dans des villes qui étouffent, un îlot de fraîcheur, un jardin bucolique où la nature reprend vie.

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