De Kylian Mbappé à Cléopâtre, le nez a de tout temps bouleversé la face du monde !
Qu'il soit droit ou épaté, tombant ou aquilin, busqué, retroussé, bourbonien ou en trompette le nez ou l’appendice nasal, voire l'idiot du visage, comme on le surnomme parfois, peut bouleverser jusqu'à l’entrée en lice de la France dans l’Euro de football. Nous l'avons vu avec la blessure de Kylian Mbappé. Cet organe, toujours en première ligne, souffre depuis la nuit des temps de la violence des hommes et de leurs lois absurdes.
Les Grecs et les Romains coupaient, par exemple, le nez des femmes adultères. Les femmes qui, dit-on, se coupaient le nez pour se rendre repoussantes aux yeux des Vikings. Désormais, c’est au bistouri qu'on redessine ses traits lorsqu'on le juge grand, trop gros ou trop petit. Pas étonnant avec tout ça que la moutarde lui monte au nez au point qu’on dise qu'il est le siège de la colère.
L’odorat, comme résidu d’une animalité
Le nez a par ailleurs été souvent méprisé, à commencer par les philosophes. L’odorat était pour Kant "le sens le plus contraire à la liberté puisqu’on ne peut s’y soustraire", quand pour Saint Bernard "l’odorat empêche la pensée". L’odorat, comme résidu d’une animalité que les humains préfèrent souvent oublier. D’où, sans doute, cette farouche volonté de chasser les odeurs à coups de parfums et de désodorisants d’intérieur. Des déodorants intégraux existent même afin d’aseptiser le corps tout entier.
L’odorat pourtant n’est-il pas le plus merveilleux de tous les sens, lui qui plus que nul autre fait appel au souvenir et à l’imaginaire ? Ce n'est pas étonnant que les poètes lui soient toujours restés fidèles, comme Charles Baudelaire dont l’âme voyage sur le parfum d’une chevelure. Il y a tant à voir, à sentir et à entendre dans l’odeur des cheveux de ceux qu’on aime. Enfin comment ne pas dire un mot de Cléopâtre dont le nez aurait, dit-on, changé la face du monde au point qu’on dise que la grande Histoire tient souvent à des détails. À moins que tout ça ne soit qu’une question de flair.
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