Patrimoine immatériel de l’Unesco : le métier de couvreur zingueur sera-t-il distingué ?

Ce métier, qui met en avant les couturiers des toits la capitale, candidat au patrimoine immatériel de l’Unesco peine pourtant à recruter.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une vue de Paris depuis le toit de l''Opéra Bastille, le 16 juillet 2024. (MICHEL HOUET / MAXPPP)

Le ministère de la Culture a sélectionné le dossier des couvreurs zingueurs comme étant le choix de la France pour le patrimoine immatériel de l'Unesco, à l'occasion de la session prévue en décembre prochain au Paraguay. Le métier de couvreur zingueur candidat au patrimoine immatériel de l’Unesco, peine pourtant à recruter. Pourtant on peut dire qu’ils ont une belle vue depuis leur bureau.

Les couturiers des toits la capitale fabriquent et réparent les costumes des immeubles haussmanniens. Couvreur zingueur, un métier d’art qui vient d’obtenir le droit de candidater au patrimoine immatériel de l’Unesco, comme les boulangers il y a deux ans. Les couvreurs zingueurs de Paris c’est toute histoire qui se dessine, celle du Paris du début du XIXe siècle, du préfet Haussman, qui en 17 ans fit recouvrir 37 000 immeubles de feuilles zinc. Un métal léger, qui conduit la chaleur et ne protège pas de froid mais qui pèse à peine 4 kilos le mètre carré. Un métal parfaitement adapté aux immeubles parisiens, avec leur toit en pente douce, à la Mansart comme on dit. Des toits dans les combles desquels s’abritèrent longtemps les "petites bonnes" de la bourgeoisie parisienne, qu’il n’aurait pas été possible de loger sous de lourds et encombrants toits d’ardoises avec leurs 50 kilos au mètre carré.

Voilà donc toute cette histoire que les couvreurs zingueurs transportent dans leurs cabanes de chantiers perchées sur les toits. Une histoire et une mauvaise réputation, car ce métier d’art est aussi encore aujourd'hui synonyme du risque de mauvaise chute. Comme celle de Coupeau dans l’Assommoir de Zola dont les jambes étaient pourtant solides, mais qui finit comme son père avant lui par s’écrabouiller au sol, en tombant d’une maison de trois étages rue de la Nation.

Les réticences des candidats potentiels 


Ce risque explique les difficultés de recrutement dans la profession. Nous ne sommes plus au XIXe siècle, quand une soixantaine de couvreurs tombaient des toits de Paris chaque année. Aujourd’hui il y a les échafaudages, les harnais et les lignes de vie. Le nombre d’accidents est en forte baisse, mais près de la moitié des accidents graves et mortels de couvreurs sont encore dus aujourd’hui à des chutes de hauteur. Il y a aussi bien sûr les pluies qui tombent dru et la chaleur, les aléas de la météo, de plus en plus aléatoires. Alors bien sûr on comprend les réticences des potentiels candidats couvreurs à les rejoindre là-haut, à venir naviguer avec eux sur cet océan de zinc que sont les toits de Paris. Mais venez donc jeter un œil si vous en avez l’occasion, vous mettre à genoux pour voir comment avec leurs têtes et leurs mains, ensemble, ils découpent et assemblent, au millimètre près, leurs feuilles de métal. On ne sait jamais. Cela pourrait susciter chez vous une vocation, ou à défaut, vous inviter à prendre un peu de hauteur.

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