"Réunionite" : un manager passe jusqu'à 32 jours par an en réunion, selon l'Observatoire de l'Infobésité et de la collaboration numérique

Une maladie touche de plus en plus les Français, "la réunionite", ou le fait de passer son temps de travail en réunion. L'Observatoire de l'Infobésité et de la collaboration numérique recommande au monde de l'entreprise de redéfinir cette habitude.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La "réunionite" sévit de plus en plus dans le monde du travail. (photo d'illustration). (MOODBOARD / IMAGE SOURCE / VIA GETTY)

Rien qu'à l'entendre ou à le lire, le terme "réunionite" peut faire pousser des boutons sur tout le corps à beaucoup de personnes. C'est, en effet, une maladie qui se propage très vite et qui est une véritable épidémie, voire pandémie. Le nouvel Observatoire de l'Infobésité et de la collaboration numérique (OICN) a mené une enquête en analysant les bases de 106 millions de métadonnées d'e-mails et de 3 millions de métadonnées de réunion.

Le résultat de cette étude, disponible mi-octobre, est qu'un collaborateur est "invité" à participer à 6 heures et 30 minutes de réunion chaque semaine. Un manager passe plus de 14 heures en réunion par semaine alors qu'un dirigeant est à 24 heures et 56 minutes. Ce qui signifie que ce dernier passe 32 jours par an dans un tunnel de réunions. Tel Sisyphe avec son rocher, les Français enchaînent les réunions de préparation à des réunions, qu'il faut ensuite débriefer dans des réunions qui permettent d'organiser les prochaines réunions.

La "réunionite" aiguë trouve son origine à la fin du XIXe siècle, avec le développement du travail de bureau et des administrations. Depuis, la situation ne fait qu'empirer, sans que l'on sache bien pourquoi, puisque les sondages montrent que seulement une réunion sur quatre aboutit à une prise de décision et que la moitié seulement est considérée comme productive.

Une "réunionite" accompagnée d'une prolifération des mails.

De plus, toujours selon l'OICN, manageurs et dirigeants passent désormais une grande partie de leur temps en réunion à faire autre chose, à rêvasser ou à traiter et envoyer leurs mails. Un dirigeant, par exemple, expédie 22% de ses mails pendant qu'il est en réunion.

Les mails aussi voient leur volume hebdomadaire en augmentation perpétuelle. Les manageurs échangent environ 205 mails en moyenne, tandis que les collaborateurs sont à 104 alors que le chiffre grimpe à 342 pour les dirigeants.

Des mails à peu près aussi inutiles que les réunions pendant lesquelles ils sont envoyés puisque chaque collaborateur conserve et stocke environ 10 000 mails dont 60% n'ont pas été ouverts au cours des neuf derniers mois. L'enquête de l'OICN invite donc le monde de l'entreprise à redéfinir collectivement "les contours d'un travail plus désirable" pour préserver tout simplement la santé mentale des gens.

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