Workaholic : accro au travail ? Des chercheurs appellent à prendre ce problème de dépendance plus au sérieux

Pour ces chercheurs, qui s'expriment, début septembre, dans le quotidien espagnol "El País", l'addiction au travail possède ses propres facteurs de risque.
Article rédigé par franceinfo
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On trouve des bourreaux de travail dans tous les métiers : instituteurs, monteurs de lignes téléphoniques ou éleveurs de lamas (photo d'illustration, le 10 août 2016) (PETER CADE / STONE RF)

Ils représentent environ 15% des travailleurs dans le monde, toutes cultures confondues. Les drogués du boulot, les workaholic, sont bien plus nombreux qu’on ne pourrait l’imaginer. Des millions de personnes. Lundi 2 septembre, dans le journal espagnol El País, des scientifiques, à l’origine d’une étude récente, demandent qu'on cesse d’utiliser l'expression "addict au travail" à la légère, et à prendre les boulimiques du boulot pour ce qu'ils sont. C’est-à-dire, pas seulement des besogneux, mais des personnes qui travaillent au-delà du raisonnable, et qui souffrent d'une addiction à part entière. L’étude des chercheurs publiée dans une grande revue scientifique de psychologie est à l’origine d’un changement majeur : désormais l'addiction au travail peut-être considérée comme une dépendance à part entière avec ses propres facteurs de risque et ses propres conséquences.

Toon Taris, spécialiste des sciences du comportement et chercheur en sciences du travail à l'université d'Utrecht, aux Pays-Bas, a étudié le phénomène dans l'édition 2024 de l'Annual Review of Organizational Psychology and Organizational Behavior. Ces recherches, menées en collaboration avec Jan de Jonge, spécialiste de la santé au travail à l'Université de technologie d'Eindhoven aux Pays-Bas, sont, selon Toon Taris, à l'origine d'un changement majeur : "le workaholisme est désormais considéré comme une addiction, avec ses propres facteurs de risque et ses propres conséquences".

Accro ou juste passionné par son travail ?

Selon les chercheurs, ce n’est pas parce que vous travaillez de longues heures, ou que vous êtes engagé dans votre travail, que vous êtes addict. Oubliez aussi le critère de la catégorie professionnelle, puisqu'on trouve des bourreaux de travail dans tous les métiers : instituteurs, monteurs de lignes téléphoniques ou éleveurs de lamas. Par ailleurs, selon les chercheurs, les workaholic ne sont pas forcément des personnes qui manquent de confiance en elle. Plutôt des personnes ambitieuses, perfectionnistes, extraverties.

Si voulez savoir si vous êtes vraiment addict, demandez-vous surtout si vous êtes obsédé par votre travail, c’est-à-dire si votre travail est la source de toutes vos motivations, toutes vos pensées, toutes vos émotions et tous vos comportements. Ce qui, attention, selon les chercheurs, ne fera pas de vous un travailleur plus performant.

Alors autant se désintoxiquer n’est-ce pas ? Oui, mais voilà, même si vos chefs pourraient participer à votre guérison, en vous forçant à rentrer chez vous passé une certaine heure, ou en vous empêchant d'accéder à des documents de travail en dehors du bureau, il n’existe à ce jour selon Toon Taris "pas de solution miracle pour guérir de manière fiable de l'addiction au travail"

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