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Alerte rouge: les sachets plastiques ne sont pas solubles dans l'environnement

Le Parlement européen veut interdire les matières plastiques les plus dangereuses et supprimer progressivement les sachets en plastique à usage unique, sachets responsables de la pollution croissante de nos sites naturels. Il y a urgence.
Article rédigé par Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
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Les déchets
plastiques sont les grands oubliés de la législation européenne sur la gestion
des déchets, notamment les emballages. Or les différents textes réglementant
leur élimination, recyclage, mise en décharge ou revalorisation doivent être
révisés en cette année 2014. Le Parlement européen veut mettre à profit ce
toilettage pour accorder une place particulière à ces déchets plastiques, de
plus en plus problématiques, aussi bien en termes de santé que d'environnement.

Des citoyens pas très écolos

Chaque
année, les Européens utilisent 100 milliards de sachets plastiques, la plupart
sont à usage unique, et se retrouvent très souvent dans la nature, où ils
mettent des centaines d'années à se dégrader. "Sur les déchets ramassés
dans la Méditerranée sur les côtes de Nice, 70% sont des sacs plastiques
,
précise Sandrine Bélier, eurodéputée du groupe des Verts/ALE. Or on sait qu'en
terme de biodégradabilité il faut
des centaines d'années
".

Les
déchets plastiques représentent, selon les sources, de 13 à 25 millions de
tonnes par an dans l'Union, dont 40% pour les seuls emballages. En dehors de
polluer l'eau et les sols, ils empoisonnent et étouffent les espèces marines.

 Supprimer
progressivement les sachets plastiques

La
Commission européenne a notamment été interpellée par l'association Surfrider,
basée à Biarritz, dont la pétition sous forme de cartes postales a recueilli
près de 23.000 signatures. Début novembre, Bruxelles a proposé aux Etats de
limiter l'usage de ses sachets plastiques mais en laissant le libre-choix de la
méthode : suppression, taxation, campagnes de sensibilisation. Insuffisant a
déjà répondu le Parlement européen, qui demande des mesures et des objectifs
contraignants. A
commencer par l'élimination des composants les plus dangereux pour la santé, et
donc la suppression progressive des sachets plastiques, y compris dans les
petits commerces et sur les marchés, où ils sont les plus répandus.

Taxer
ou interdire

En
attendant plusieurs pays européens ont déjà pris des mesures, notamment la
taxation de ces sachets plastiques. Ce devait être le cas en France, où une taxe
d'environ 6 centimes d'euro devait entrer en vigueur au 1er janvier, mais le
décret n'a toujours pas été signé. Surfrider s'inquiète déjà des exonérations
prévues, justement pour les plus petits sachets, ceux que l'on retrouve le plus
souvent dans la nature.

Ils ont
été supprimés en Corse qui, sur cette question, fait partie des leaders en
Europe. "On apprécie que les côtes
et la mer de l'île de beauté ne soit pas polluées
", souligne Sandrine
Bélier. En Irlande, une taxe de 50 centimes a été mise en place.
Résultat: 97% des sacs ont disparu en moins de 5 années. En Italie aussi, ils
ont été supprimés et les effets ont été immédiats sur l'environnement.

Dans sa
résolution du 14 janvier, le Parlement européen plaide pour la mise en place
d'une véritable stratégie communautaire. D'intenses discussions sont en cours,
puisque les eurodéputés se prononceront à nouveau en avril sur le projet de
directive relative aux emballages et aux déchets d'emballage, avec l'objectif
d'aboutir à un accord avec les Etats membres avant la fin de la législature.
Les deux autres textes, la directive cadre sur les déchets et la directive sur
la mise en décharge des déchets municipaux, seront examinés par le nouveau
Parlement européen issu des élections fin mai.

Priorité
au recyclage et au compostage

"Pour
l'instant, la solution privilégiée est la mise en décharge
", regrette
Sandrine Bélier, qui souligne que l'incinération n'est pas plus satisfaisante,
en raison notamment des risques en matière de toxicité. Les députés européens
veulent inverser cette tendance. La Commission européenne est invitée à
proposer des mesures pour éliminer progressivement d'ici 2020 la mise en
décharge et l'incinération des déchets recyclables, compostables et
biodégradables, mais aussi pour mieux les valoriser.

Valoriser
ce potentiel économique inexploité.

Seulement
25% des déchets plastiques sont actuellement recyclés. Selon le Parlement
européen, la pleine mise en œuvre de la législation européenne permettrait
d'économiser 72 milliards d'euros par an, d'augmenter de 42 milliards d'euros
le chiffre d'affaire annuel du secteur, et de créer plus de 400.000 emplois
d'ici à 2020. L'enjeu est d'autant plus important que, selon Bruxelles,
la production mondiale de plastique pourrait tripler d'ici à 2050.

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