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À Bruxelles, les "fake news" s’exposent au musée

"Fake for Real" est le nom de cette exposition ludique présentée dans la capitale belge pour démêler le vrai du faux à travers l’Histoire.

Article rédigé par franceinfo - Angélique Bouin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'explosition "Fake for real" à Bruxelles. (MAISON DE L'HISTOIRE EUROPENNE)

En Belgique,  les musées sont restés ouverts. C’est sur rendez-vous, mais du coup on visite dans de très bonnes conditions de belles expositions, comme celle consacrée aux fake news à travers l’Histoire intitulée "Fake for Real", à la Maison de l'histoire européenne. On y chemine dans un labyrinthe, d’une époque à l’autre. De l’Antiquité où, pour asseoir leur domination, les puissants colportaient déjà des mensonges, à l’époque des grandes découvertes où sévirent de grands affabulateurs.

Blandine Smilanski est historienne. L’un de ces grands manipulateurs raconte-elle, fut un Français qui se faisait appeler Georges Psalmanazar. Cet imposteur fit croire en 1704 qu’il arrivait d’une île méconnue, Formose. Il réussit à tromper son monde et à entrer dans l’histoire. "Dans sa façon de vivre, il a adopté toutes sortes d’habitudes très étranges, manger de la viande crue, dormir assis… Il a créé un alphabet, il consommait beaucoup d’opium… Tout ça pour se créer ce personnage exotique, s’amuse Blandine Smilanski. Ce qui est intéressant, quand on regarde la postérité de certains faux, c'est qu'il a écrit ses mémoires qui ont été publiés à titre posthume dans lesquels il reconnaît que tout cela n’avait été qu’invention et qu’il n’était jamais allé dans cette partie du monde."   

Un jeu pour vérifier les infos

L'exposition chemine dans les années 1930,  la Seconde Guerre mondiale jusqu’à l’époque contemporaine et le Covid. Biographies manipulées, faux récits qui feront, comme les Protocoles des Sages de Sion, le terreau de l’antisémitisme mondial… Le musée expose aussi la lettre falsifiée qui accusa Dreyfus. En tout, plus de 200 objets venus de toute l’Europe, des vidéos et une série de jeux interactifs qui transforme le visiteur en vérificateur de faits. On est devant un grand écran où défilent des images de presse avec un titre, puis un fragment de l’article, et enfin sa source. Vous avez une manette et vous devez essayer de dégommer les fausses informations : "'Un passeur a construit de faux postes frontaliers entre la Russie et la Finlande', lit Blandine Smilanski. On voit que c’est l'agence Reuters, c’est une information juste. J’ai eu raison de la laisser passer". Un bip de la victoire confirme ses propos. Elle poursuit : "‘Une nouvelle micro puce implantée suivra les grossesses’... Perdu ! Je suis trop nulle", s’esclaffe l’historienne.

Un jeu interactif transforme le visiteur de l'explosition "Fake for real" à Bruxelles en vérificateur de faits. (MAISON DE L'HISTOIRE EUROPENNE)

Chaque époque a ses propres centres d’intérêts et les impostures qui vont avec, c’est ce que nous apprend ce parcours qui se termine sur la pandémie de Covid-19. "Que ce soit la religion, l’idée nationale, l’idée de former un peuple au XIXe siècle, on parle finalement de ce qui fait cette histoire riche de l’Europe à travers les siècles", conclut notre guide d’un jour. L’exposition est à voir en famille, dès 10 ans.

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