A Madagascar, les ateliers de broderie s'activent avant les fêtes
L'île de Madagascar est réputée pour ses brodeuses expérimentées dont les talents sont très demandés à l'approche des fêtes de fin d'année.
C'est la période des grandes tablées à la décoration soignée, et cette période d'avant-fêtes est charnière pour le broderie malgache. A l'atelier Mad'Création, les 16 brodeuses travaillent sur des motifs typiques de Noël. Des broderies réalisées entièrement à la main, sur du linge de maison haut de gamme, et revendues à des grossistes ou de grandes maisons de linge en occident jusqu'à huit fois leur prix. La seconde d'atelier, Roseline, montre quelques exemples : "Ça, c’est Olivia, elle fait des boules de Noël pour la Suisse. Voilà Hery, elle fait une nappe avec des cadeaux de Noël pour Monaco et les Etats-Unis. Et ça, c’est Perle, elle fait des sets de table Père Noël pour la France."
L’atelier vend sans marque, ce sont les acheteurs, à l’arrivée, qui cousent leur propre étiquette. Des acheteurs qui demandent parfois à Véronique Maugé, franco-camerounaise qui a racheté l’entreprise il y a huit ans, des pièces très spécifiques. "Une de nos grosses clientes, une grossiste en France, à Paris, nous a envoyé une commande. Elle voulait un Père Noël qui touche le sapin. Et c’est à nous d’exprimer exactement ce qu’elle veut, son design", explique-t-elle. "Les produits phares, ce sont les nappes", continue Véronique Maugé. "Nos clients, ce sont de grandes familles qui ont besoin de nappes de 10 mètres, qu'on ne trouvera jamais dans le commerce, avec un nombre de serviettes qui peut aller jusqu’à 26, 30 serviettes."
Un savoir-faire convoité par les maisons de luxe françaises
Certaines marques de luxe sous-traitent déjà beaucoup à Madagascar. Le fait que la cheffe d’entreprise soit une ancienne modéliste d’une maison de haute couture parisienne y contribue certainement. Véronique Maugé connaît leurs codes et leurs exigences. Pour autant, l’atelier a toujours décliné les invitations pour travailler en direct. "On a déjà refusé de travailler pour de grosses maisons de luxe en France, qui ont des critères qui ne nous conviennent pas, explique la propriétaire de l'atelier. Par exemple, il faut définir combien de fils [composent notre tissu]. Mais on n’a pas de laboratoire pour savoir précisément quel est le grammage [du tissu]".
"Chez nous c’est vraiment artisanal, et ça me convient très bien. Tant que je peux faire tourner mon atelier."
Véronique Maugé, propriétaire de l'atelier Mad'créationà franceinfo
Et l’atelier tourne bien, puisque ces broderies de luxe "vita Malagasy", autrement dit "made in Madagascar", se retrouvent aujourd’hui dans les boutiques chics des quatre coins de la planète.
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