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Australie : le gouvernement travailliste veut s'attaquer aux "visas dorés"

Dans un pays qui applique une politique migratoire très stricte, il existe, pour les plus riches, un "visa doré" qui permet de s'installer plus facilement. À condition d'investir plusieurs millions d'euros en Australie. 

Article rédigé par franceinfo - Grégory Plesse
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un passeport australien, en novembre 2021.  (PATRICK T. FALLON / AFP)

Ce "Significant investor visa" est très populaire auprès des Chinois, qui détiennent près de 85% ce type de visas. Ce document a plusieurs intérêts à leurs yeux : il n'y a pas de limite d'âge, il n'est pas exigé de maîtriser correctement l'anglais, et il permet, au bout de quelques années, d'obtenir la résidence permanente puis la nationalité australienne. La seule condition est d'investir au moins 5 millions de dollars, soit environ 3 millions et demi d'euros dans l'économie du pays. 

Cette politique migratoire ultra-sélective dynamise l'économie australienne. "Je crois que ces gens, en apportant tout ce capital et leur expertise du monde des affaires, créent des emplois", estime Richard Yuan, agent de migration et spécialisé sur ce type de clientèle. De fait, les quelque 2 300 personnes qui ont obtenu un visa de ce type ont injecté plus de 11 milliards de dollars en Australie depuis sa création en 2012. 

Un visa qui ne fait plus l'unanimité

Une manne qui paraît importante, mais qui est remise en cause par certains. Le gouvernement travailliste a récemment annoncé qu'il souhaitait le supprimer, à travers la voix de sa ministre des Affaires étrangères. Elle expliquait dans une interview sur Sky News que ces immigrés très fortunés coûtent en fait plus cher qu'ils ne rapportent à l'Australie. Un point de vue partagé par le think tank Grattan Institute. "Comme les détenteurs de visa investisseurs sont plus âgés, moins qualifiés et qu’ils gagnent peu d’argent en Australie", avance Brendan Coates, son expert économiste. 

"Ils coûtent en moyenne 120 000 dollars au cours de leur vie aux contribuables australiens, car ils ont un recours élevé à nos services publics, bien supérieur au montant des impôts qu’ils paient."

Brendan Coates

à franceinfo

À l’inverse, les immigrés qualifiés, qui obtiennent un visa australien sur la base de leur compétence professionnelle, sont par définition actifs et plus jeunes. Eux sont des contributeurs nets, ils rapportent en moyenne 250 000 dollars au cours de leur vie. C'est donc sans surprise que le gouvernement souhaite les attirer en particulier, à un moment où l’Australie est frappée par une pénurie généralisée de main d’œuvre. Une pénurie que les travaillistes espèrent résorber en relevant les quotas d’immigration de plus de 20%, dès l’année prochaine.

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