Biodiversité : au Canada, le plongeur huard, ce canard emblématique du pays, est au coeur des préoccupations
Lorsqu’on pêche ou qu’on nage dans un lac au Canada, on a de grandes chances d’entendre ce cri, très caractéristique du huard. Il résonne sur les plans d’eau, de jour comme de nuit. Pour les Canadiens, ce grand canard noir et blanc est tellement emblématique de leur pays que son profil orne les pièces d’un dollar. Et on surnomme même la monnaie du nom de cet oiseau, soit le huard. 90% de la population mondiale de ces oiseaux, soit environ 500 000, vivent l’été au Canada, en particulier en Ontario, la région la plus peuplée du pays.
Or, ce qui inquiète les biologistes, c’est que le taux de survie des oisillons baisse année après année, ainsi que leur nombre. Comme le huard vit environ 20 ans, le nombre de ces canards plongeurs reste pour l’instant assez constant, mais il pourrait diminuer dans un avenir proche. Les scientifiques avancent plusieurs hypothèses pour expliquer les raisons de cette baisse d’oisillons, sans privilégier une cause unique. Ainsi, l’aménagement des rives, et les vagues soulevées par les bateaux à moteur de plus en plus nombreux sur les lacs du Sud du Canada, nuisent aux jeunes oisillons. Le huard a souvent tendance en effet à bâtir son nid dans l’eau, car il nage mieux qu’il ne marche. Lorsque les hautes herbes disparaissent, ou que les vagues des bateaux inondent les lieux d’habitat, cela compromet la survie des canetons. Autre piste possible, la composition de l’eau. Les pluies acides, et le mercure, nuiraient aux populations de poissons, que cet oiseau de grande taille mange abondamment.
Est-ce qu’il existe des moyens pour lutter contre ce déclin?
Peut-être. Depuis près de 40 ans, l’organisme Oiseaux-Canada sensibilise les Canadiens au sort du huard. Comment? En invitant les riverains des lacs à compter le nombre de canards plongeurs, trois fois par été. 4000 bénévoles tiennent ainsi des statistiques très utiles aux biologistes, qui suivent l’évolution de l’espèce. Cette contribution pousse d’ailleurs plusieurs citoyens à prendre des mesures pour mieux protéger leur habitat. Certains laissent les rives des lacs plus sauvages, par exemple, ou tentent de limiter la circulation des bateaux à moteur. Une façon peut-être de s’assurer que le cri du huard résonnera encore longtemps l’été sur les lacs canadiens.
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