Déforestation : en Côte d'Ivoire, 30% du cacao provient de forêts protégées malgré les nouvelles règles européennes
La nouvelle loi européenne qui interdit les produits issus de la déforestation va-t-elle changer la donne en Côte d'Ivoire ? Le premier pays producteur de cacao au monde, la Côte d’Ivoire, vient d’annoncer avoir récolté 2,4 millions de tonnes de fèves de cacao en 2022. C’est un record absolu, deux fois plus qu’il y a 20 ans. Mais selon les experts, près d’un tiers de ce cacao provient des forêts classées, régulièrement détruites ou grignotées pour laisser place aux plantations de cacao.
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Les planteurs recherchent les zones forestières, car le cacao y pousse plus rapidement et les fèves récoltées sont de meilleure qualité. Ainsi, la Côte d’Ivoire a perdu plus de 90% de son couvert forestier en 50 ans. Aujourd’hui, afin de retrouver une partie de ce patrimoine naturel sans pénaliser les petits producteurs, l’agroforesterie est devenue obligatoire. Les cultivateurs doivent planter entre 50 et 100 arbres à l'hectare. Une mesure qui, pour le moment, peine à voir le jour.
Les planteurs tentés de fuir au Liberia
Les petits producteurs ont de très faibles moyens et restent peu accompagnés dans la démarche. Enfin, les forces de l'ordre lancent régulièrement des opérations dans les forêts classées pour déloger les travailleurs agricoles illégaux.
Les opérations provoquent parfois des affrontements entre planteurs et agents des eaux et forêts. Le 4 avril, sept agents ont été gravement blessés, attaqués à la machette lors d’une opération de destruction de jeunes plants de cacaoyers dans la forêt classée de Sangouiné, dans l’est du pays.
La loi nouvelle européenne pourrait aussi avoir des effets pervers inattendus. En raison du plus grand contrôle de l’Etat ivoirien sur les forêts classées et de la répression accrue contre les responsables de la déforestation, des milliers de travailleurs agricoles pauvres migrent actuellement vers le Liberia voisin, à la recherche de nouvelles terres agricoles.
Le petit pays d’Afrique de l’Ouest, très pauvre, aimerait aussi profiter de cette économie de rente. Cette immigration est donc perçue comme une opportunité de développement économique, mais elle fait également peser le risque d’une déforestation massive à l’image de ce que la Côte d’Ivoire a vécu ces 30 dernières années.
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