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Drogue : un ancien chef de la police et ministre mexicain jugé à New York pour ses liens avec le cartel d'"El Chapo"

Le procès de l'ancien chef de la police mexicaine Genaro García Luna touche à sa fin à New York, où il est accusé d'avoir participer aux trafics du cartel Sinaloa du célèbre Joaquin Guzman dit "El Chapo".
Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Steels
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Genaro García Luna lors de son procès à New York, le 16 février 2023. (JANE ROSENBERG / EFE / MAXPPP)

Les Mexicains ont suivi avec passion le procès de l’ancien chef de la police mexicaine, Genaro García Luna, qui touche actuellement à sa fin à New York. Celui qui était ministre de la sécurité publique sous la présidence de Felipe Calderón, entre 2006 et 2012, est accusé par un tribunal fédéral aux États-Unis d'avoir participé, alors qu’il était chef de la police et puis ministre, au trafic de drogue pour le compte du cartel de Sinaloa du célèbre narcotrafiquant Joaquin “El Chapo” Guzmán.

"Le confessionnal des narcos"

García Luna est d'ailleurs jugé par le même tribunal fédéral de Brooklyn qui a condamné El Chapo à la prison à vie en 2019. Et l’ancien chef de la police et ex ministre encourt la même peine. Il a été arrêté il y a trois ans aux Etats-Unis où il s’était réfugié dès la fin de la présidence de Felipe Calderón, se croyant en sécurité après avoir collaboré durant plus d’une décennie avec les agences de sécurité américaines dans la lutte contre le narcotrafic. C’était le double jeu du ministre : d’un côté, il participait à la lutte contre le crime organisé, d’un autre, il est accusé d'avoir reçu des millions de dollars en pots-de-vin de la part des cartels. Au Mexique, la corruption de García Luna était de notoriété publique, mais la justice n’a jamais agi contre l'ancien ministre.

Le tribunal de New York a assisté à un véritable défilé d’anciens narcotrafiquants venus témoigner contre García Luna, au point que la presse mexicaine a baptisé ce procès “le confessionnal des narcos mexicains”. Leurs déclarations sont accablantes pour l'ancien ministre : plusieurs criminels condamnés ont assuré qu’ils lui avaient remis des millions de dollars en mains propres pour s’assurer de sa protection. Ceux-ci avaient certes passé des accords avec les procureurs pour obtenir certains bénéfices en échange de leurs témoignages, mais ces derniers ont tout de même paru solides et cohérents.

Les Mexicains estiment qu’un tel procès n’aurait jamais pu avoir lieu dans leur pays, étant donné la corruption qui mine le système judiciaire. Le sort de García Luna est désormais entre les mains des douze membres du jury, qui ont débuté leurs délibérations jeudi 16 février. Mais une majorité de Mexicains souhaiterait aussi voir l’ancien président Felipe Calderón traîné en justice : il ne pouvait pas ignorer les agissements de son ministre préféré, selon une opinion largement partagée au Mexique.

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