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En Afghanistan, la jeune génération redoute le retour des talibans

Les jeunes d'Afghanistan ont peur du retour des talibans dans la société et la vie politique de leur pays alors que des pourparlers de paix sont engagés avec les Etats-Unis.

Article rédigé par franceinfo - Sonia Ghezali
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des jeunes Afghans s'amusent dans un manège à l'occasion des vacances de l'Eid al-Fitr, à Kaboul, le 17 juillet 2015. (WAKIL KOHSAR / AFP)

Les Afghans ne sont pas rassurés face au retrait d'une partie des troupes américaines d'Afghanistan, annoncé par Donald Trump, le président des États-Unis. La jeune génération l'exprime par des poèmes et des chansons.

La vidéo d'une jeune femme afghane qui chante les vers d’un jeune poète afghan enregistre des milliers de vues sur Youtube. Ghawgha Taban est seule face caméra, ses cheveux bouclés non couvert. “T'embrasser au milieu des talibans, aurais-tu peur ? T’aimer partout et à chaque instant, t’aimer envers et contre les traditions meurtrières ? (…) T’embrasser au milieu des attaques suicides, t’embrasser au coeur du chagrin et du deuil...” 


 
Cette jeune femme qui vit en Europe est devenue en quelques heures le symbole de toute une génération de jeunes Afghans épris de liberté et prêts à la défendre en cas de retour des talibans.

Des messages de résistance cachés dans un poème

Le poème a été écrit par Ramin Mazhar, âgé de 23 ans. C’est un message de résistance qu’il a voulu transmettre. Si la paix est conclue avec les talibans et que ces derniers reviennent dans la société afghane et participent à la vie politique, il ne faut pas que l’obscurantisme gagne.

Ces gens sont connectés à notre monde moderne, ils ont l'air modernes (...) mais il y a un petit Oussama Ben Laden dans leur tête

Ramin Mazhar

à franceinfo

“Ce poème parle des gens de tous les jours, de ceux qui portent peut-être des cravates, un costume, de ceux qui ont des ordinateurs portables, qui sont sur Facebook", insiste Ramin Mazhar. Les talibans sont comme tout le monde "mais il y a un petit Oussama Ben Laden dans leur tête, dans leur état d'esprit". En fait le jeune poète s'attaque à une "école de pensée, en tant qu'idéologie qui dépasse le politique. Je m’attaque à l'école de pensée qui dicte ce que l'on doit faire et ce que l'on ne doit pas faire.”

Ramin Mazhar s’attaque aux fondamentalistes religieux, prônés par une partie de la population afghane et qui se retrouve dans le discours ultra rigoriste des talibans. 

Plusieurs lectures publiques

Le poème a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme. Une lecture a été donnée devant un parterre d’intellectuels, de militants de la société civile et d’étudiants à l'université de Kaboul. Ramin Mazhar a déclamé son poème sur une colline de la capitale le jour de la Saint-Valentin, entouré de dizaines de personnes.

Ramin Mazhar dit que son combat pour la liberté est une promesse qu'il a faite à deux de ses amis proches tués dans des attentats récemment. Il ne lâchera pas ce combat. "Il n'y aura pas de paix si les talibans n'acceptent pas que notre société est multicolore, avec une multitude de styles de vie différents, de mentalités, d’idéologies. Ils n’ont pas d'autres choix que de respecter cela."

Si le respect de la liberté des gens n'est pas garanti, et bien, nous sommes très nombreux à nous tenir debout pour le défendre

Ramin Mazhar

à franceinfo

"Nous sommes contre la régression", scande le jeune poète qui se dit contre la paix à n’importe quel prix.

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