En Corée du Sud, le déménagement des services de la présidence fait polémique
Le nouveau président n’est pas encore entré officiellement en fonctions, mais une de ses décisions divise déjà l’opinion publique sud-coréenne : le déménagement des bureaux présidentiels.
C'est un peu comme si, quelques jours après son élection, le nouveau président américain annonçait que la Maison Blanche allait être déplacée dans les locaux du Pentagone, ou bien si l'Élysée déménageait place Beauvau.
Yoon Seok-yeol, dont l’intronisation aura lieu le 10 mai prochain, souhaite "rendre la Maison Bleue au peuple", c’est le nom de la résidence historique du président sud-coréen. Il veut s’installer dans les bureaux de l’actuel ministère de la Défense : "La Maison Bleue est un symbole de l’impérialisme. Jamais je n’y emménagerai.
Je demande au peuple de comprendre que ce n’est pas qu’un simple déménagement, mais il s’agit de ma détermination à les servir, à travailler correctement et à tenir les promesses que je leur ai faites."
C’est une idée qui n’est pas très populaire. Les récents sondages montraient qu’entre 53% et 58% des Sud-Coréens étaient opposés au projet. Des pétitions ont commencé à fleurir sur internet, l’une d’entre elles rassemble déjà près d’un demi-million de signataires.
Objectif officiel : se rapprocher du peuple
Tout d’abord, si la décision n’est pas bien reçue dans le pays, ses partisans eux sont largement favorables à un déménagement. L’objectif selon le nouveau président conservateur est de se rapprocher du peuple. Il est vrai que l’actuelle résidence présidentielle se trouve en hauteur, sur une montagne assez isolée, et le nouveau lieu doit permettre une meilleure communication du gouvernement plus proche du grand public. "En tant que président je communiquerai toujours avec la presse, je trouverai un moyen de changer la manière de travailler, affirme Yoon Seok-yeol. Nous casserons les anciennes habitudes où le bureau présidentiel monopolisait le pouvoir en régnant au-dessus des autres branches de l’exécutif."
L’autre argument est sécuritaire, alors que la Corée du Nord poursuit ses essais de missiles en ce début d’année, Yoon estime que les locaux du ministère de la Défense sont mieux équipés pour le protéger. Mais lors de la conférence de presse qu’il a tenue afin de présenter son projet,il a révélé où se trouvaient plusieurs installations classées secret défense. Ce qui n’était pas la meilleure façon de défendre un déménagement déjà très polémique.
A petition has been launched demanding for South Korea’s president-elect Yoon Suk-yeol to be punished for divulging state secrets in violation of the country's national security law while discussing the relocation of the presidential office to the defence ministry compound. pic.twitter.com/t1cmachMBn
— Raphael Rashid (@koryodynasty) March 20, 2022
Un projet cher, compliqué et impopulaire
En premier lieu, c’est son coût qui est pointé du doigt : environ 40 millions de dollars, selon le camp Yoon et plutôt 820 millions de dollars d’après les démocrates opposés au projet. Un déménagement dans les prochaines semaines semble par ailleurs difficilement réalisable : l’actuel président Moon Jae-in est opposé au projet et sans son aval difficile d’imaginer que toute l’administration présidentielle change de bureau en un mois et demi.
Des observateurs estiment que la motivation derrière le projet est d’origine spirituelle. Durant la campagne, de nombreuses rumeurs assuraient que le futur couple présidentiel était conseillé par des Shamans. L’un d’entre eux aurait avisé à Yoon de déménager une fois arrivé au pouvoir car la Maison Bleue serait synonyme de mauvaise fortune pour ceux qui y résidaient.
Quel que soit le motif de cette volonté de changement, l’épilogue de ce feuilleton aura lieu d’ici quelques semaines. Rendez-vous le 10 mai lors de l’entrée en fonction de Yoon Seok-yeol, à la Maison Bleue ou ailleurs.
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