En direct du monde. Au Bénin, les exportations d'ananas vers l'Europe suspendues huit mois à cause d'un pesticide
Les exportations d'ananas du Bénin vers l’Europe ont été interdites par le gouvernement à cause du taux de résidus d'un insecticide supérieur à la norme admise, du fait de son utilisation massive sur les fruits pour les faire jaunir et satisfaire le marché européen.
Le Bénin, petit pays d’Afrique de l’Ouest, est le quatrième producteur africain d’ananas : il exporte surtout dans les pays voisins, et, dans une moindre mesure, en Europe, pour 2% de ses exportations. Cette quantité a été multiplié par huit en 10 ans mais cette envolée a connu un coup d’arrêt cette année : pendant huit mois, les exportations vers l’Europe ont été interdites par le gouvernement.
En cause, le taux de résidus d’étéphon supérieur à la norme admise en Europe, soit deux milligrammes par kilo. Ce pesticide, qui accélère la croissance et la coloration en jaune du fruit, est utilisé par les exportateurs béninois, qui sont souvent aussi les producteurs, depuis les années 2000 pour répondre aux exigences du marché européen. En somme, satisfaire les clients qui exigent des ananas bien jaune, alors qu'il se mange vert au Bénin. Bien dosé, l'étéphon reste sur la peau du fruit et ne représente aucun danger. Mais parfois, la tentation fut grande d'en abuser, par exemple pour faire jaunir très rapidement le fruit en cas de commande urgente...
Le gouvernement a réagi
Le gouvernement n'a pas tardé à réagir, en prenant notamment plusieurs mesures et en multipliant les contrôles. Les éthrelleurs, ceux qui mettent l’étéphon, eux, ont appris à doser et à mieux utiliser le produit. Ainsi, les producteurs informent-ils l’Agence béninoise de sécurité sanitaire des aliments lorsqu’ils éthrellent, tandis que huit jours après, un inspecteur ramasse des fruits dans les champs traités. L'ananas est lavé, brossé, et envoyé en laboratoire. Le Bénin a par ailleurs acheté un chromatographe pour quelque 300 millions de francs CFA pour mesurer le taux d'ététhon. S'il s'avère inférieur à la norme, l’exportateur peut faire partir ces cartons par avion le soir même. Sinon, il doit attendre deux ou trois jours de plus, au terme desquels un nouveau prélèvement est réalisé. Depuis trois semaines, aucun test n'a mis en évidence des taux supérieurs à la norme dans les échantillons prélevés.
Certains ont quand même expédié des ananas vert
Pendant la période d'interdiction, certains producteurs ont expédié la variété "Pain de sucre", un petit ananas labellisé depuis deux ans. André Dangbé en produit : un client français a bien tenté de distribuer ses ananas. En vain : "Il a essayé d'en vendre, explique André Dangbé. Mais il m'a dit que le vert ne va pas du tout, que le Blanc n'en veut pas. Ils achètent la peau d'abord, avant de goûter." Certaines chaînes de supermarchés en France vendent des ananas vert du Bénin mais de façon marginale. Les producteurs espèrent retrouver leur petite part de marché (5%), quand l'essentiel de leurs ventes (près de 70%) sont réalisées au moment des fêtes de fin d’année.
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