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En Côte d’Ivoire, le gouvernement veut tripler la production d’hévéa

La Côte d’Ivoire a choisi de se concentrer sur cet arbre, venu du Brésil, qui sert à fabriquer du caoutchouc. Prometteur, le secteur emploie 165 000 paysans mais est en partie responsable de la déforestation.

Article rédigé par franceinfo - Amandine Réaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un homme prélève du latex sur un hévéa dans le village de Memni, en Cote d'Ivoire. (SIA KAMBOU / AFP)

La Côte d’Ivoire est le premier producteur africain (et le septième mondial) d’hévéa, cet arbre venu du Brésil qui sert à fabriquer du caoutchouc. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé son objectif de tripler la production d’hévéa d’ici cinq ans, pour passer de 600 000 à deux millions de tonnes par an. L’hévéa est un secteur prometteur : la filière a rapporté sept millions et demi d’euros l’an dernier.

La demande mondiale ne cesse d’augmenter

En fait, cela fait même déjà plusieurs années que la Côte d’Ivoire mise sur l’arbre à caoutchouc. La production a été multipliée par six depuis 2010. La demande mondiale ne cesse d’augmenter, notamment chez les pays émergents. A partir du latex récolté par des saignées, on fabrique du caoutchouc utilisé notamment pour l’industrie du pneu. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, le secteur de l’hévéa emploie 165 000 paysans et avec l’annonce du gouvernement, 56 000 nouveaux planteurs devraient être recrutés.

L’hévéaculture va assurer un revenu plus fiable aux nouveaux planteurs, qui pourront bénéficier d’un salaire dix mois par an, de façon plus régulière que dans le secteur du cacao par exemple. Mais les nouvelles plantations vont remplacer des champs de cultures vivrières comme le manioc, le riz ou les bananes plantain et cela a des conséquences sur les paysans, ils n’ont plus d’aliments à consommer ni à vendre. C’est un phénomène qu’on observe au sud du pays et qui s’étend aujourd’hui aux régions du centre. Donc, il y a vraiment un risque d’insécurité alimentaire chez les paysans et pour les consommateurs les denrées seront plus rares et plus chères. Et en plus de cela, la vente des terres engendre des conflits dans certains villages et même au sein des familles.

Responsable de la déforestation

Et n’y a-t-il pas un risque environnemental ? L’agriculture industrielle d’hévéa est en partie responsable de la déforestation. En un siècle, la Côte d’Ivoire a perdu dix millions d’hectares de forêts, c’est un tiers de son territoire : c’est dangereux pour le climat et pour la biodiversité. Le lobby du caoutchouc assure que l’hévéaculture ne remplace plus de zones protégées comme les forêts classées. Mais encore aujourd’hui des parcelles de ces forêts classées sont vendues de manière illicite, donc pour tenir cette promesse, il faudra une vigilance accrue…

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