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En direct du monde. En Hongrie, le gouvernement de nouveau accusé d’attiser le sentiment anti-migrants

Des questionnaires sur la migration ont été envoyés par la poste à la population hongroise. C’est la troisième consultation en moins de deux ans. D'après des organisations des droits de l’homme, ces consultations à répétition ont pour but d’alimenter le sentiment xénophobe. 

Article rédigé par franceinfo, Florence La Bruyère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Clôture à la frontière entre la Hongrie et la Serbie pour empêcher le passage de migrants. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

En Hongrie, le gouvernement nationaliste de Viktor Orban est à nouveau accusé d’attiser le sentiment anti-migrants. Le premier ministre vient de lancer une nouvelle consultation nationale sur la migration. Des questionnaires ont été envoyés par la poste à la population.

C’est la troisième consultation en moins de deux ans. Le gouvernement affirme qu’il est important de consulter les Hongrois sur ce thème. Mais selon des organisations des droits de l’homme, ces consultations à répétition ont pour but d’alimenter le sentiment xénophobe. Le questionnaire actuel affirme que le milliardaire américain d’origine hongroise, George Soros, veut faire démanteler la clôture à la frontière hongroise pour faciliter l’arrivée de clandestins. Or, l’homme d’affaires n’a jamais dit cela.

Les Hongrois sensibles à ces campagnes du gouvernement 

Un événement récent montre l’efficacité de cette propagande. Une association voulait offrir un séjour à la campagne à des enfants de réfugiés. L’an dernier, 300 personnes ont obtenu le statut de réfugié en Hongrie. Des Irakiens, des Syriens, des Afghans qui, maintenant, ont tous des papiers. L’hôtelier d’un petit village a offert de recevoir gracieusement des enfants accompagnés de leur maman, pour passer quelques jours au vert. Öcsény est un village de 2 300 habitants au sud de la Hongrie, dans la région de Tolna, à 160 kilomètres de Budapest. Un village comme tant d’autres, pas très riche – il n’y a plus de bureau de poste – mais aux rues jalonnées de massifs de fleurs. L’association Migration Aid et l’hôtelier, Zoltan Fenyvesi, ont organisé une réunion pour informer les villageois. Et là, les habitants, qui n’ont jamais vu un seul réfugié de leur vie, ont crié : "Ces migrants sont des animaux, des terroristes. Ils vont violer nos enfants." L’hôtelier a été menacé de mort, on lui a crevé les pneus de sa voiture. Le projet a capoté.

Ce qui s’est passé à Öcsény aurait pu se produire n’importe où. Si l’événement a défrayé la chronique et provoqué un scandale, c’est aussi parce que Viktor Orban a déclaré : "Les villageois ont eu raison de réagir de manière intelligente et déterminée." De nombreuses voix, relayées par la poignée de médias qui ne sont pas encore tombés dans le giron du pouvoir, se sont élevées pour condamner ces propos du premier ministre qui semble se placer du côté des partisans de la violence. Mais il faut noter que depuis cette affaire, l’association a reçu une dizaine de propositions de particuliers, d’un évêque et même d’un village majoritairement tsigane. Tous proposent de recevoir ces familles de réfugiés à la campagne. 

Une véritable psychose

Ces réactions sont violentes parce que la majorité des médias  – publics mais aussi privés – sont sous la domination du clan de Viktor Orban. A la radio et à la télévision, on entend sans arrêt le mot "migrant". Les demandeurs d’asile sont constamment assimilés à des terroristes. Et les images d’attentats dans le monde passent en boucle. C’est une propagande "à la Goebbels", dénonce un parti d’opposition (Együtt ou "Ensemble", centriste). Ce n’est donc pas étonnant qu’une partie des Hongrois succombe à la psychose.

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