En direct du monde. En Israël, les familles des "bébés volés" réclament "reconnaissance, justice et guérison"
Les familles d'enfants disparus dans les années 50 en Israël reprochent à l'État d'avoir camouflé un système d'enlèvement de bébés pour les faire adopter. Un millier de témoignages ont été recueillis.
C'est l'un des secrets les plus douloureux de l'État hébreu : lundi 25 septembre, les familles des "bébés enlevés" ont manifesté à Tel Aviv, en Israël. Elles ont réclamé "reconnaissance, justice et guérison" pour leurs enfants, frères ou sœurs, disparus entre les années 1940 et 1960.
Au total, des milliers de nourrissons de famille séfarades originaires du Maghreb ou du Moyen Orient se sont volatilisés. Ils ont été confiés à des familles ashkénazes, venues d'Europe. Les récits des proches sont toujours les mêmes : à l'hôpital, dans une clinique, une infirmière ou un médecin annonce aux parents que leur bébé est décédé, sans leur présenter de corps ni sépulture.
Un millier de témoignages et une base de données
Tziona est l'une des manifestantes. Arrivée en 1950 du Yémen avec sa famille, elle défile pour son frère, amené pour une grippe et évaporé le soir même. Ne parlant pas hébreu, ses parents ont simplement dû repartir avec un enfant en moins. Elle a décidé de protester à l'appel de l'association Amram créée "pour qu'on ne puisse jamais dire que ça n'est pas arrivé", selon ses fondateurs.
C'est cette association qui a médiatisé l'affaire en Israël. En quatre ans d'existence, elle a récolté un millier de témoignages de victimes, et a mis en place une base de données. Les familles peuvent y chercher leurs disparus par pays d'origine, année ou hôpital. Objectif : réunir les familles.
Une version officielle : les enfants sont morts
Parmi les témoignages, le personnel médical raconte régulièrement dans les médias israéliens comment les enfants étaient pris dans leurs établissements. Des adultes décrivent également comment ils ont découvert avoir été adoptés. Autant de récits qui agacent l'État d'Israël.
Car les trois commissions d'enquête organisées en 1967, 1988 et 2001 ont toutes abouti à la même conclusion : selon la version officielle, les enfants sont morts, et il ne s'est rien passé. Face à la pression, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a donné son feu vert pour la publication des archives de ces commissions, en décembre 2016. Là encore, aucun élément de réponse. Les victimes réclament désormais la reconnaissance de ces disparitions pour nommer, enfin, les responsables.
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