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En direct du monde. En Tunisie, l'Etat menace de confisquer les dattes d'une palmeraie

L'État tunisien s'oppose aux riverains d'une petite oasis du sud du pays. Les terres sont occupées par une association d’habitants depuis la révolution de 2011. Elle a financé des services publics dans la commune, mais les autorités clament que sa présence est illégale.

Article rédigé par franceinfo, Alexis Morel, Justine Fontaine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une palmeraie vers Tozeur en Tunisie. (FETHI BELAID / AFP)

En pleine récolte, le gouvernement tunisien menace de confisquer les dattes d’une palmeraie aux portes du désert. Du jour au lendemain, le ministère des Finances a décidé de bloquer les comptes de l’association ainsi que ceux du commerçant qui a acheté la récolte de dattes de cette année. En réaction, les habitants se sont réunis sur la place principale de Jemna, où se situe la palmeraie. Avec les gros commerçants de la ville, ils ont décidé de retirer leur argent des banques. Et ils se sont rendus dans le chef-lieu de région pour protester devant la préfecture.

L’association agit-elle dans l’illégalité ?

L’État explique que les terres lui appartiennent et que l’association n’a donc pas le droit de vendre les dattes des palmiers qui y sont plantés. En fait, les habitants ont commencé à occuper ces terres pendant la révolution alors qu'elles étaient louées à un prix dérisoire à des hommes d’affaires, proches du dictateur Ben Ali. Après quelques mois, les habitants ont créé une association pour exploiter les terres et ils ont embauché une centaine d’ouvriers. Jusqu’à maintenant, l’État n’avait pas réagi, et la situation n’a jamais été régularisée. Il faut préciser aussi que ces terres ont été confisquées aux habitants par les Français pendant la colonisation. Les gens de Jemna considèrent donc que cette occupation est légitime. 

Quelles actions mène l'association ?

Depuis la révolution de 2011, l’association a partiellement rénové les deux écoles primaires de la ville, construit deux terrains de sport, acheté une ambulance pour les habitants, et fait construire un toit sur la place du marché. Elle a aussi fait des dons à plusieurs autres associations de la région. Pour beaucoup d’habitants, le constat est clair : dans cette région déshéritée, elle a fait plus en cinq ans que l’État en 100 ans, selon les mots d’un ouvrier de la palmeraie. 

Une solution est-elle en vue ?

Pour le moment, le gouvernement souhaite que l’association se transforme en entreprise, avec une petite participation étatique afin qu'elle reverse un pourcentage de ses recettes dans les caisses publiques. Pour l’instant, les habitants sont d’accord sur ce dernier point, mais ils refusent de créer une entreprise. Ils se disent aussi prêts à payer un loyer, et à verser les six ans d’arriérés pour leur activité depuis 2011. Mais ils ne reprendront pas le dialogue tant que les comptes en banque n’auront pas été débloqués par le gouvernement.

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