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En direct du monde. La Chine ne sait plus quoi faire de ses vieux vélos

Pékin a décidé d'en finir avec les immenses cimetières à vélos qui envahissent les villes. Après le succès des vélos partagés en Chine, des millions de ces deux roues, devenus hors d'usage, sont aujourd'hui laissés à l'abandon.

Article rédigé par franceinfo - Dominique André
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un employé de la ville de Xiamen, dans le sud de la Chine, se fraie un chemin dans une montagne de vélos hors d'usage entassés en périphérie de la métropole. (LIU TAO / MAXPPP)

Les grandes villes chinoises se sont attaquées au problème de ces dépotoirs remplis de vélos rouillés, abandonnés par des dizaines de petites entreprises qui ont fait faillite. Il y a des cimetières dans presque toutes les grandes villes, à Tongzhou, dans l'est de Pékin, ou à Tangjialing, dans le nord de la capitale. L’un des plus spectaculaires parce que l’un des plus grands, a été photographié par des drones aériens, à Xiamen, dans la province du Fujian, dans le sud-est de la Chine. Pas moins de  200 000 vélos y sont empilés. Le South China Morning Post, grand quotidien de Hong Kong, a qualifié ces dépôts de "petites montagnes".

Le boom des vélos partagés

La presse chinoise a commencé à parler de ces cimetières de vélos depuis 2018. Le phénomène est dû à l'explosion du système des vélos en libre service. Pour comprendre ce qui a conduit à cette situation, il faut remonter à 2015, avec l’apparition des vélos de la marque Ofo, la première qui a connu beaucoup de succès dans les universités. Puis, en 2016, est née la marque Mobike, dont les habitants de Shanghaï ont été les premiers utilisateurs. Le succès là aussi est au rendez-vous et Mobike s'est installée dans toutes les grandes villes.

Les habitants du centre de Pékin ont retrouvé le plaisir de se déplacer à vélo, vite, au milieu des embouteillages. Il y a eu une véritable folie pour les vélos partagés, avec à la clé la création d’une vingtaine de sociétés. Les investisseurs étaient présents et l'on raconte que des fabricants de vélos sont devenus riches en une nuit, tellement la demande était forte.

Les professionnels du secteur pris de vitesse

Mais après le pic, le marché est devenu saturé. Les gouvernements locaux ont alors décidé de limiter le nombre d'exploitants. A Shanghaï, à Pékin et à Guangzhou, le lancement de nouvelles sociétés a été interdit. Sont apparues aussi les premières questions pratiques : où garer tous ces vélos laissés n’importe où par leurs utilisateurs ? Qui doit réparer les vélos en panne ?...

Les petites entreprises, incapables de gérer tous ces problèmes techniques, ont fait faillite. Les vélos ont fini par rouiller et être jetés dans ces fameux cimetières, où des entreprises de recyclage les récupèrent. Les pneus sont utilisés pour équiper les pistes de courses à pied dans les stades, et le métal est recyclé pour les industries. L’objectif est d'envoyer dans les usines de recyclage les derniers 25 millions de vélos abandonnés, et d'éliminer ce problème qui affecte les paysages urbains.

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