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En Egypte, le régime de Sissi censure chanteurs et acteurs vedettes

Après les activistes, journalistes et opposants politiques, le régime autoritaire du président égyptien al-Sissi cible maintenant les stars du cinéma et de la chanson.

Article rédigé par franceinfo - Martin Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Sherine Abdel Wahab lors d'un concert à Carthage, en Tunisie, le 28 juillet 2017. (FETHI BELAID / AFP)

Les violations des droits de l’homme en Égypte sont régulièrement condamnées : activistes, journalistes et opposants politiques sont régulièrement réprimés et la presse bâillonnée. Mais la censure atteint cette fois des nouveaux sommets puisque le régime autoritaire du président al-Sissi cible maintenant les stars du cinéma et de la chanson. Ce coup de vis sur le showbiz a débuté avec la popstar Sherine Abdel Wahab fin mars. Cette chanteuse aux millions de fans avait ironisé lors d’un concert au Bahreïn sur l’absence de liberté d’expression en Égypte. Le syndicat des musiciens l’a donc… interdite de chanter. Même scénario pour deux acteurs de cinéma quelques jours plus tard, Amr Waked et Khaled Abol Naga, bannis du syndicat des comédiens et interdit de jouer en Égypte.

Ces affaires tracent des lignes de conduites claires

Les deux artistes avaient rencontré des membres du congrès américain pour alerter sur la répression des défenseurs des droits de l’homme. Pour leurs propos politiques, ces trois célébrités sont accusées de trahison. Mais les syndicats d’artistes veillent aussi au respect des mœurs : l’idole de la jeunesse égyptienne Mohamed Ramadan a ainsi fait scandale en apparaissant torse nu sur scène, entouré de danseuses. En réaction, le syndicat des musiciens a donc instauré des mesures particulièrement strictes pour autoriser les concerts à l’avenir.

Le point commun entre ces artistes attaqués est l’avocat Samir Sabry, à l’origine des plaintes, qui s’est donné pour mission de protéger son pays. "Dans toutes ces affaires, explique-t-il, il y a un aspect politique parce que ces comportements et ces propos erronés ont un effet négatif sur l’État égyptien, sur le plan de l’économie, du tourisme et de la sécurité." Ces affaires servent d’exemple et tracent des lignes de conduite très claires, particulièrement dans un contexte où la production télé et cinématographique est accaparée par des proches du pouvoir.

Un monopole d'Etat est en train de s'établir

"Il y a un monopole d’État qui est en train de s’établir de plus en plus, indique le grand réalisateur Yosry Nasrallah. Cela affecte tout de suite l’industrie et le côté artistique. Un  monopole d’État n’est jamais innocent : il est aussi un monopole politique, et par ailleurs un monopole sur les sujets à aborder et sur les sujets à ne pas aborder. Parmi eux, la religion, la politique, montrer les flics et les officiers de manière défavorable, les bars, les prises de drogues, les relations sexuelles et surtout les relations hors-normes." Le régime élargit ainsi son emprise sur l’opinion publique égyptienne à l’approche d’un référendum prévu à la fin du mois. Le projet de réforme constitutionnelle doit permettre au président al-Sissi de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034.  

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