En Egypte, un Belge relance la production de foie gras plus de 4 500 ans après son invention sur les bords du Nil
Saviez-vous que c'est sur les bords du Nil que la technique du gavage d’oie a été inventée, il y a plus de 4 500 ans ? Cela n'a pas échappé en tout cas à Michel Mosser. Ancien conseiller du ministre de l’Environnement belge, il s'est reconverti dans la production de foie gras, à Louxor.
Produit phare de la gastronomie française, le foie gras est un traditionnel des repas de Noël. Un produit que l'on retrouve aussi au pied de la Vallée des Rois à Louxor, dans la seule ferme d'Egypte qui en produit. Pourtant, c'est sur les bords du Nil que la technique du gavage d’oie a été inventée, il y a plus de 4 500 ans.
C’est dans le village d'al-Kom, au pied de la célèbre nécropole thébaine, que Michel Mosser élève ses oies et ses canards. "Je suis arrivé en Egypte en 2014 et le premier canard gavé l’a été en mars 2015", explique cet ancien conseiller du ministre de l’Environnement en Belgique. Une reconversion professionnelle un peu particulière pour ce Belge de 40 ans, motivé par l’histoire de l’Egypte antique. "Ce qui m’a amené à faire du foie gras à Louxor, c’est qu'il a été inventé en Egypte. Les anciens Egyptiens observaient les oies au bord du Nil qui se gavaient naturellement pour se préparer aux migrations. Ils ont alors évidemment trouvé que la chair était meilleure et se sont dit pourquoi pas essayer".
Un retour aux sources lucratif
Dans la nécropole de Sakkara, au sud du Caire, un bas-relief de la tombe de Mérérouka, qui date de la VI dynastie (2 450 ans avant J.-C), montre un homme tenant le cou d’une oie pour la gaver. Un idée vient donc à Michel Mosser lors d’un séjour dans le pays. "Je me suis dit que ça pourrait être une idée de refaire du foie gras en Egypte, pour les touristes et le secteur du luxe et je me suis lancé", explique-t-il. Si la technique du gavage date de l’Egypte antique, la première recette de foie gras remonte en revanche à l’époque romaine. Elle a ainsi voyagé de l'Empire romain à l'Europe de l'Est, en Alsace, puis dans le Sud-Ouest. En produisant du foie gras, en Egypte, Michel Mosser estime refermer la boucle.
Du mois d’octobre au mois d’avril, il élève 600 canards pour produire du foie gras, mais aussi des rillettes, du confit de gésiers, ou du magret. Le producteur belge, qui s’est formé à la technique française dans le Gers, à Mirande, a aujourd’hui le monopole en Egypte, et le bouche à oreille fonctionne parfaitement parmi les expatriés, notamment français. A Louxor, Michel Mosser peut ainsi compter sur une clientèle de retraités, mais aussi de scientifiques : archéologues, égyptologues, ingénieurs. Mais ses plus grosses ventes se font au Caire. Les grands hôtels commencent aussi à s’intéresser de près à ses produits. Prochaine étape pour rendre son foie gras égyptien vraiment singulier : nourrir ses canards de dattes séchées.
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